mercredi 30 septembre 2015

Où l'auteur finit par s'organiser

J'ai maintenant deux bâtons, et j'ai mis un turbo dans le moteur. Comme je ne veux pas dépasser 28 km j'arrive tôt à mon gîte du soir, même après avoir visité trois temples comme aujourd'hui. Les journées sont assez stéréotypées : petit-déjeuner à 6 h 30, départ vers 7 h 15 et ... marche. Le soir bain japonais vers 17 h, dîner à 18 h et extinction des feux entre 9 et 10 heures du soir. Il faut encore caser dans ce programme les étirements matin (le dos) et soir (les jambes), les cours de japonais, le blog, quelques mails et un peu de méditation formelle. Bref je n'ai pas une minute à moi,  heureusement que je peux rêvasser en marchant !
Il faut quand même que je vous raconte l'histoire de ce pèlerinage même si Guy a mis dans un commentaire un lien vers un site bourré d'explications. Ce pèlerinage est donc sous le patronage de Kukai, encore appelé Kôbô Daishi, le moine japonais qui a introduit le bouddhisme au Japon après l'avoir étudié en Chine, au début du IXeme siècle. Tous les 88 temples ont une histoire liée à ce fameux moine, même s'il ne les a pas tous fondés et dans chaque temple il y a à la fois au moins un temple dédié à la divinité particulière du lieu et un autre à Kôbô Daishi.
On raconte que le premier pèlerin (après Kukai lui même qui a passé beaucoup de temps dans les différents temples) est un méchant riche de l'époque, Emon Saburo, qui avait fait une vacherie à Kukai lui-même et qui a du entreprendre le pèlerinage pour se faire pardonner. Je vous mets sur Instagram la photo du monument qui raconte cela.
Jusqu'au 16eme siècle, le pèlerinage est surtout l'affaire de moines, et il ne prend vraiment son es sort que sous l'ère Edo, pour deux raisons : faire le pèlerinage permet d'obtenir l'autorisation de voyager à une époque où c'était interdit, et la pratique de l'o-setai qui comprenait nourriture, hébergement et argent permet à des personnes modestes de faire ce pèlerinage.
On estime actuellement que 150 000 personnes par an font le pèlerinage.
Voilà, je vous en raconterai plus une autre fois.
Des baisers historiques.
A.

PS : hier Lodge Osaki à 17 km avant le temple 24. Charmante jeune hôtesse très serviable, nourriture excellente (assise à la japonaise) chambre minuscule mais parfaite, vue sur la mer. Grande salle de bain japonaise un peu vétuste.

mardi 29 septembre 2015

O-setai inversé

Journée sans problème aujourd'hui : température clémente (27 degrés), fraîcheur agréable le matin, soleil voilé aux heures les plus chaudes, distance plus raisonnable (seulement 28 km), je gère mieux les temps de repos et j'alterne le côté de mon unique bâton toutes les demi-heures pour épargner mon dos.
J'ai traversé un petit désert de 10 km, heureusement avec de l'eau et de quoi déjeuner. Ce passage s'appelle Gorogoro-ischi. D'un côté l'océan, sans plage, avec de gros rochers, et de l'autre la montagne, à pic. Entre les deux la route, sous le soleil ... Quand il n'y avait pas de route, les pèlerins devaient passer sur les gros rochers glissants et humides, particulièrement dangereux. Le nom de ce désert provient du son roulant (gorogoro) des rochers (ishi) sous l'effet du ressac.
Après ce désert, j'avais envie de fruits, ce qui est relativement difficile à satisfaire car les petits supermarchés locaux (combini) où nous achetons nos en-cas n'en vendent pas. Petite épicerie de village. J'entre une première fois, ne vois pas de fruit, et ressors sous les yeux étonnés de l'unique caissière. Mais plus loin, dans la vitrine, il y avait de superbes pommes. Je reviens sur mes pas et achète une pomme. Une excentricité  !!! 400 yens (3,2 €). Je ressors et m'assieds sur un banc de fortune : une planche sur deux bidons, et je pars à la pêche au couteau au fond du sac à dos (merci Alex pour ce formidable cadeau). Un vieux japonais s'approche, pour me dire que je ne suis pas bien assise là. Mais il est hors de question que je fasse un pas de plus. Je veux manger ma pomme !!! Je lui en épluche  donc une partie et nous voici devisant et mangeant cette pomme qui n'était en fait pas une pomme mais un fruit typiquement japonais dont j'ai déjà oublié le nom. Il faut dire que je ne fais guère de progrès. Certes je comprends mieux ce que l'on me dit, mais je ne mémorise pas grand chose.  La "pomme" était aussi délicieuse que mon compagnon de dessert : sucrée, juteuse, goûteuse et je suis repartie ragaillardie.
Des baisers sucrés
A.

PS : arrêt hier soir à Shishikui chez Haruru-tei. Cher, impersonnel et nourriture moyenne. Grande salle de bains japonaise. Je pense qu'il vaut mieux aller ailleurs pour profiter du onsen de Shishikui, vraisemblablement à l'hôtel Riviera Shishikui.

PPS : je vous redonne le nom de mon compte sur Instagram : anneshikoku, afin que vous puissiez voir les photos qui vont avec le texte.

lundi 28 septembre 2015

fin de l'éveil et entrée dans l'ascèse

Toujours pas d'accès internet sur l'iPad donc je continue à vous donner des nouvelles via l'iPhone et son petit écran...
Mon dos va mieux, grâce au gainage (merci Marie) et aux étirements mais les derniers km ont été horribles : 32 km par 30 degrés avec 6 kg sur le dos, c'est clairement trop pour moi. J'ai donc décidé de me limiter à 25 à 28 km, et curieusement Shôheri qui était partant pour plus demain a accepté l'arrêt que je lui proposais ! Lui non plus ne doit pas vouloir me quitter...
Nous sommes donc maintenant au bord de la mer et qui dit bord de mer au Japon dit alerte au tsunami. Tous les 200 m un panneau indique à quelle hauteur on se situe par rapport au niveau de la mer, il y a des sirènes partout et de temps à autre l'indication d'un refuge avec sa hauteur par rapport au niveau de la mer. Cela provoque d'étranges réflexions : je ne sais pas de combien de temps on dispose en cas d'alerte, je n'ai aucune idée du refuge le plus proche ni de la hauteur qu'il faut viser, faut-il courir, sans sac à dos donc, sauver au moins son passeport et ses cartes de crédit ???? Ce sont des questions surprenantes, mais l'obstacle de la langue rend tout étrange : dimanche, à 9 h 30, alors que je traversais seule un village paisible endormi, toutes les sirènes ont retenti, ce qui se produit normalement à midi, et une voix enregistrée a commencé un long discours. Comme personne ne bronchait j'en ai conclu que le message était du genre "bande de fainéants réveillez vous il est temps d'émerger de votre gueule de bois du samedi soir", mais cela avait un petit côté " prisonnier numéro 6" des plus étranges.
Journée marquée encore par les o-setai : petite cabane en bois à claire-voie avec à l'intérieur deux charmantes dames qui guettaient le chaland et m'ont accueillie avec du café, du thé glacé, des kakis et des tranches de patate douce brûlantes. Elles ont en outre rempli mon sac à dos de douceurs qui m'ont tenu lieu de déjeuner car le seul restaurant sur ma route était fermé. Après un tel accueil on se sent pousser des ailes !
Le bord de mer est ravissant, quand bien même la route passe exclusivement par la nationale. C'est dommage d'être aussi fatiguée car je trouve que l'on ne profite pas assez de la beauté des paysages. Des photos sur Instagram, je ne peux pas faire mieux pour l'instant.
Des baisers de 6 m de hauteur.
A.

PS : hier soir hébergement au temple 23. Peu de monde, pas cher, bonne table et superbe onsen. Mais les chambres immenses ont un côté "empire soviétique" qui manque un peu de chaleur. Shôheri a choisi pour sa part un ryokan, plus cher et sans onsen.

dimanche 27 septembre 2015

Premier bilan

Je voulais refaire la mise en page pour mettre plus de photos et surtout les mettre dans le texte (ce n'est pas très facile sous blogger) mais j'ai toujours un accès internet médiocre et pas de connexion entre mes deux appareils. Ce sera donc pour plus tard...
J'en suis à 7 jours de marche, 23 temples et 157 km. Cela a été fatigant, éprouvant même parfois, mais c'est la partie la plus difficile du parcours. Shikoku comporte quatre préfectures (Shi = 4) traversées tour à tour et chacune d'elle correspond à un moment particulier pour le pèlerin. La première préfecture, celle de Tokushima correspond à l'éveil de la conscience. Même si je suis encore dans cette préfecture demain et mardi, le temple 23 marque la fin de cette première phase. Ne rêvez pas trop vite pour la suite, la seconde étape est l'ascèse.
En ce qui concerne le rythme de marché, je suis pour l'instant sur le rythme (standard) de 41 jours, donc largement dans les temps. Mais mon dos commence à faire des siennes et j'envisage de faire un stop très prochainement. Évidemment Shôheri me pousse. Comme moi il fait le tour entier, et il pense que nous le ferons ensemble d'un bout à l'autre. Le pèlerinage de Shikoku est très souvent entrepris à la suite d'un deuil, c'est le cas de Shôheri qui vient de perdre sa femme. Il voyage avec sa photo dans un cadre qu'il sort à chaque temple. Je ne sais si c'est pour lui montrer le temple ou pour la montrer aux dieux, mais c'est touchant. Puis il prend une photo de l'entrée du temple. Aujourd'hui pour la première fois il m'a demandé de le prendre en photo à l'entrée, et il tenait la photo de sa femme à la main.
L'o-setai du jour était une cannette de café au lait offerte par un charmant monsieur qui nettoyait une cabane de pèlerin comme nous y sommes arrivés Shôheri et moi. Je ne m'étais pas rendu compte à quel point le café me manquait ! Les o-setai alimentaires sont les plus fréquents, en particulier tous les matins notre hôtesse nous fait un petit cadeau, généralement un ou deux onigiri ou des bonbons. Hier, une charmante vieille dame m'a offert une petite poupée qui représente un pèlerin, tellement mignonne (photo à venir, promis) et j'étais tellement contente que j'ai oublié de lui donner le petit papier traditionnel en retour. En effet dans chaque temple et pour chaque o-setai on remet un papier avec son nom, son âge, son adresse et la date. La couleur du papier dépend du nombre de fois où l'on effectue le pèlerinage, blanc de 1 à 4.
Des baisers éveillés.
A.

PS : j'ai deux critiques d'étapes de retard.
Juste avant le temple 19 Minshuku Funa-no-Sato. Hôtesse formidable de gentillesse, cuisine épatante, salle de bains japonaise. Seul bémol les chambres ne sont pas fermées jusqu'en haut, Shôheri ronfle et la lumière reste allumée toute la nuit dans l'escalier. Mais il faut vraiment s'y arrêter.
Hier après le temple 21 je ne sais pas où nous avons dormi. Adresse recommandée par Funa-no-Sato, quelque part dans Anan. Superbe ryokan, une chambre a un lit européen et une salle de bains japonaise privative. Il faut appeler la patronne au téléphone pour qu'elle vienne vous chercher à Sakaguchi-ya. Elle parle anglais. Salle à manger traditionnelle japonaise (sur coussins) mais on peut avoir un petit fauteuil.


samedi 26 septembre 2015

Petite brève du matin

Tout va très bien sauf que je ne sais pas où je suis (Anan d'après l'iPhone) et que je n'arrive plus à connecter l'iPad avec l'iPhone. Peut-être ce soir ? Bon dimanche, moi je pars vers le temple 23 et la fin de l'éveil ...
Des baisers

vendredi 25 septembre 2015

On s'installe dans la routine

Après la petite déprime d'hier, je me suis vraiment éclatée aujourd'hui dans les passages en forêt.
Pourtant la journée n'a pas très bien commencé, car Shôheri a absolument voulu revenir jusqu'au temple 16 pour vérifier que nous étions sur la bonne route : 1,6 km de plus peuvent paraître négligeables, sauf à un pèlerin fatigué !
La route était réputée facile mais nous avons eu deux passagers abrupts dans la forêt. Les pluies d'hier rendent le chemin difficile d'autant qu'il est transformé en petit ruisseau. Mais je commence à avoir l'habitude et peut même courir (un peu) dans les descentes.
Le second passage dans une magnifique forêt de bambou s'est avéré plus compliqué : après les bambous plus de chemin, des herbes hautes et un petit panneau disant de faire attention aux vipères. Sagement je suis redescendue de 500 mètres pour voir si nous avions oublié un signal. Mais non. Et mes deux compères ont bravé le danger, nous avons traversé les herbes hautes, remonté un autre lit de ruisseau, passé à quatre pattes sous des arbres renversés par l'orage, pour finalement arriver à un sentier on ne peut plus praticable sur lequel nous regardaient quelques promeneurs ironiques. Les secrets du balisage du chemin !!!
En effet, malgré de nombreuses balises, on peut se perdre aisément. Les balises en pierre, parfois très anciennes (le pèlerinage à plus de 1200 ans) sont relativement rares. Le gouvernement japonais a la charge du balisage officiel mais privilégie parfois, sans que l'on sache pourquoi, la route des voitures. Les associations rajoutent des marques, interdites, et qui sont arrachées. Tout le monde a des cartes bien sûr, mais personne ne s'en sert en marchant, elles ne sont utilisées que pour déterminer la prochaine étape.
Demain je vous en dirai plus sur l'histoire du pèlerinage.
Des baisers.
A.

jeudi 24 septembre 2015

In the pouring rain ou qui rit mercredi, jeudi pleurera

Toute la nuit j'ai entendu le bruit de l'eau. Mais comme je dormais à côté de la rivière je n'ai guère cherché plus loin.
Typhon il y a donc... Assez loin sans doute parce qu'il n'a pas plu absolument toute la journée. Juste assez pour que ce soit ... horrible.
J'ai d'abord marché seule dans la forêt, monté assez rudement mais je suis une pro maintenant n'est-ce pas, puis je me suis perdue, j'ai croisé de tout petits crabes, et deux vipères mortes, écrasées sur la route. Après la montée, la descente et j'ai finalement retrouvé ma bande de joyeux lurons.
Nous étions cinq à l'auberge hier soir, Plia la thaïlandaise qui prend aussi souvent que possible le bus ou la voiture, mes deux copains japonais Kazuyuki et Shohéri, et Marie qui est arrivée très tard.
Jusqu'au temple 13 nous avons marché sans Plia, ensemble ou séparément au gré des circonstances, mais toujours sous une pluie battante. Je n'en pouvais vraiment plus, cherchant désespérément un endroit pour déjeuner. Je guettais chaque enseigne à laquelle je ne comprenais rien bien sûr, espérant un restaurant ou au pire un supermarché où l'on puisse s'asseoir pour dejeuner, et quand je découvrais un horticulteur, une station-service... je me raccrochais à l'enseigne suivante, cinquante mètres plus loin, espérant que ce soit la bonne.
Finalement j'ai su lire うどん et nous nous sommes arrêtés, Shohéri et moi, devant un grand bol de nouilles fumantes. J'ai enlevé une cuiller à soupe d'eau de chacune de mes chaussures et la vie a repris un sens jusqu'à ce que je regarde les prévisions météo : pluie vendredi et samedi, soleil dimanche, puis la pluie recommence. Qui a dit qu'il faisait beau au Japon à l'automne ? Fichu typhon...
Après le temple 13, où nous avons laissé Marie, cela a été plus facile. Nous avons marché de concert, Kazuyki, Shohéri et moi, et les temples se sont succédé 13, 14, 15 et 16 pour finalement s'arrêter dans un ryokan où ma chambre, superbe, m'a mis du baume au cœur.
Mais il pleut toujours ...
Des baisers mouillés.
A.

PS : hier soir étape dans un minshuku Sudachi-kan. Un peu fruste mais c'est une étape obligée, au plus prêt du temple 12. Cuisine sommaire. On vous conduit au onsen public en voiture.

mercredi 23 septembre 2015

I did it !!!

 Ouf, j'ai réussi à atteindre le temple 12 et même à le dépasser de quelques km, mon pire cauchemar depuis plusieurs semaines.  Il faut dire que le morceau est de choix, montées brutales altenant avec des descentes abruptes. Heureusement, mon cher Harunori était là pour me soutenir, le temps était parfait, et le sac raisonnable. Il a néanmoins fallu six heures d'effort pour en venir à bout, mais ça y est, je suis entrée dans la communauté fermée de ceux qui l'ont fait ! A l'étape de ce soir, j'ai retrouvé deux pèlerins japonais, celui qui a voulu me conduire au temple 11 hier, et un plus jeune, et je me suis sentie adoubée. Respect !!!
Par ailleurs c'est un chemin superbe, dans un film de Kurosawa, par moments les bambous craquent sous l'effet du vent, la forêt parle et l'on s'attend à croiser un samouraï à chaque instant. Tout le long du chemin des tombes de pèlerins morts en route, des plaquettes votives en bois et, en haut de la deuxième montée (il n'y en que trois) une superbe statue de Kukai. Quel courage pour l'avoir montée si haut. Peu d'animaux en revanche : un superbe papillon noir et jaune, quelques lézards, un faisan, et des panneaux avertissant de la présence de vipères au début.
Les o-setai du jour : une serviette de onsen pour éponger ma sueur et deux mandarines, partagées avec le seul pèlerin croisé aujourd'hui.
Bref, je continue !
Je vous embrasse
A.

PS : Hier j'ai couché au ryokan Yoshino  à côté du temple 11 : cuisine excellente (c'est promis la prochaine fois je prends des photos),  salle de bains japonaise et machine à laver. Par ailleurs patronne adorable.

PPS : à la demande générale de Paul je viens de créer un compte Instagram que vous pouvez suivre : plus de photos, plus de souvenirs. Son nom : anneshikoku

mardi 22 septembre 2015

Gambatte kudasai

C'est Yuri qui m'a appris cette expression japonaise que je traduirais par "persévérez, tenez bon".
Phrase la plus entendue à la montée et la plus prononcée à la descente des quelques trois cents marches qui conduisent au temple n° 10, marches qui seront la photo du jour.
A la montée, très agréable malgré tout dans une forêt de bambous, après la chaleur écrasante du matin, j'ai reçu mon premier o-setai, cadeau fait au pèlerin pour participer à son pèlerinage. O-setai qu'il ne faut sous aucun prétexte refuser, même quand il alourdit le sac inutilement. Ce n'était pas le cas du mien, petite figurine comme les japonaises en raffolent (une coccinelle, une tortue ?), qui orne mon sac dorénavant.Deux autres choses à savoir sur les offrandes au pèlerin : on peut refuser l'o-setai pour aller en voiture au temple suivant, quand on est un pèlerin à pied, et on peut à son tour donner tout ou partie des o-setai encombrants à d'autres pèlerins. La forme japonaise du mistigri, en fait.
Cet après-midi a aussi été très chaud, notamment la longue traversée de terres agricoles. Je suis plutôt dans une zone urbaine en ce moment, et ces grands espaces agricoles sont en fait installés dans le lit d'une rivière qui doit déborder trop souvent pour être habitable.
Heureusement la distance était  courte. Je voulais me débarrasser de mon sac au ryokan où je suis installée pour la nuit avant d'aller au temple 11. J'ai donc demandé à un pèlerin japonais juste derrière moi où se trouvait le ryokan mais il m'a conduite presque de force au temple. En fait, il avait raison, il fallait passer par le temple pour arriver à l'auberge, où je l'ai finalement retrouvé au dîner.
Demain , c'est le grand jour, l'étape qui dit si l'on est "digne" ou non du chemin. Tout le monde ne parlait que de cela au dîner, et bon nombre étudient des solutions de substitution, en bus par exemple.
Gambatte kudasai !!!
A.

PS. J'ai décidé d'ajouter une critique de mes hébergements pour ceux d'entre vous qui souhaiteraient suivre mes traces.
Temple n° 6 Anrakuji : dans le temple. Chambre japonaise (j'empile deux futons pour que ce soit moins dur), onsen parfait, cuisine moyenne, cérémonie bouddhiste émouvante. Pas de possibilité de lessive.

lundi 21 septembre 2015

Les premiers pas sur le chemin ... en voiture

Aujourd'hui a bien sûr été la journée des premières fois, mais comme je soupçonne que ma vie va être assez répétitive, je vais en garder quelques unes au chaud.
Première journée sur le chemin donc, commencée en voiture jusqu'au temple n°6. En effet Harunori, le  president de l'association qui s'occupe des pèlerins m'accompagne, et nous commençons par déposer sa voiture au temple n°6 où un de ses copains nous attend avec tout l'équipement du parfait pèlerin. Je ne retiens que la chasuble, le bâton, le chapeau et me fais un peu forcer la main sur l'étole. Plus le livre pour les tampons, magnifiques, un dans chaque temple, les bougies et l'encens.
Et nous repartons au temple n°1 pour mon apprentissage de parfait henro (pèlerin en japonais).
Dans chaque temple il faut se laver les mains et la bouche, faire sonner le gong, et par deux fois allumer une bougie, un bâtonnet d'encens et réciter le sutra du cœur. Heureusement Harunori m'a pourvu d'une version phonétique.
Puis on a droit au tampon.
Six temples plus tard, je commence à m'y repérer.
Par ailleurs la distance était courte, 17 km, parfaite pour une première journée sous le soleil. Le décalage horaire se fait un peu sentir sur les derniers kilomètres mais tout va bien. Et je passe la nuit dans un temple japonais : premier onsen, premier "otsutome", service religieux qui d'après ce que j'ai compris évoque les morts. Je ne comprends pas les prières, mais je sais trouver les pages dans le livre. Mon japonais s'améliore !
Je vous embrasse.
A.

dimanche 20 septembre 2015

4,9 !!!!!

Je l'ai fait !!!
Malgré le scepticisme de certains d'entre vous, j'ai réussi la première épreuve. Mon sac à dos ne pèse que 4,9 kg. Certes il manque encore quelque matériel propre au pèlerinage, nous en reparlerons, mais l'essentiel est là : 4,9 kg.

C'est à dire : un pantalon et un bermuda, deux t-shirts à manches courtes, une micropolaire, un blouson triple couches, trois slips, deux soutiens-gorge de sport, deux paires de chaussettes, une chemise de nuit et un maillot de bain. Des claquettes.
Dans la trousse de toilette : du dentifrice, de la crème solaire et de la crème pour les pieds. A la dernière minute je me suis autorisé un petit extra (oui, je sais, Marie, je n'aurai pas dû, il ne faut rien rajouter à la dernière minute, mais la tentation était trop forte) : deux petits pots, de ma crème de jour et de mon contour des yeux préférés.
Une trousse de premier secours minimale : couverture de survie, lingettes désinfectantes, pansements pour les ampoules, du fil et une aiguille. Un coupe ongles, une pince à épiler et deux épingles nourrices. La pharmacie est plus conséquente : deux mois de traitement habituel, des antalgiques et des anti-inflammatoires, de la mélatonine et des somnifères pour avaler le décalage horaire.
L'informatique est peut-être le plus lourd : iPad mini, iPhone, batterie de secours et chargeur.
Un cahier pour les exercices de japonais et un stylo.

Le tout tient aisément dans un sac à dos de 33 l, il reste largement de la place pour le matériel de pèlerinage, de l'eau et un déjeuner.

Voilà, en route!!! Je vous embrasse.

A.