lundi 9 novembre 2015

Merci

Dernière nuit au Japon, dernier message aussi. Demain je rentre !

Je veux vous dire merci, vous mes lecteurs connus et inconnus. Vous m'avez soutenue, vous m'avez donné du courage dans les moments difficiles, soyez-en tous remerciés. Et si je vous ai donné envie de partir, n'hésitez pas, allez-y.

Je veux également dire merci à ceux qui m'ont conduite sur le chemin de Shikoku : merci Jean-Philippe, Laurence, Marie-Edith, Marilyse et Sébastien. Et merci à Harunori-San pour son aide si précieuse et si attentive.

Merci à tous ceux que j'ai croisés.

Enfin, merci à moi de m'être donné cette chance et d'avoir osé.

Shikoku, je reviendrai.

A.

PS : hier j'ai dormi au Shukubō du temple Daien-in de Koyasan.  Cuisine végétarienne moyenne, lit japonais confortable (mais je suis habituée maintenant), grande salle de bains collective, pas de wifi. Très cher (12000¥) mais on paie le cadre. Ce matin très longue cérémonie religieuse (1 h 30 !) qui fait regretter l'insuffisante maîtrise du japonais.

dimanche 8 novembre 2015

Surprise, surprise ...

Je vous avais promis une surprise, je suis donc allée chercher les couleurs de l'automne qui vous manquaient autant qu'à moi j'imagine ?
Je suis au Mont Koya, Koyasan comme disent les japonais, qui est le berceau du bouddhisme Shingon, et où Kōbō Daishi médite pour l'éternité. Il est d'usage de terminer son pèlerinage à Koyasan, pour raconter à Kōbō Daishi comment cela s'est passé et le remercier de sa protection.
Koyasan réalise la plus grande concentration de moines (entre 2000 et 3000) et de temples du Japon : 117 ! On peut y passer la nuit, et c'est ce que nous avions organisé, Mila et moi, il y a une dizaine de jours. Nous nous sommes donc retrouvées ce soir. De plus, j'ai retrouvé hier à Nara ma copine Irina, condisciple de cours de japonais, et qui part pour Shikoku commencer le pèlerinage demain. Nous avons passé la journée ensemble à admirer les couleurs de l'automne et les temples de Koyasan, et Irina dort dans le shukubō voisin. Une grande réunion quoi !!!
J'ai mis de nombreuses photos d'automne sur Instagram (anneshikoku), et je vous en joins quelques unes.

Des baisers automnaux
A.

PS : voici le nom du restaurant de Takamatsu où j'ai eu cette mémorable sayonara party : Tenkatsu.
Si vous passez par là, n'hésitez pas !

vendredi 6 novembre 2015

Sayonara party

Que ceux d'entre vous qui s'inquiétaient se rassurent, j'ai eu une superbe "sayonara party" dans le plus vieux restaurant de Takamatsu et j'ai mangé tout ce que j'aime : de l'anguille, de œufs de saumon, du poulet épicé, du "jakoten" spécialité de Ehime à base de pâte de poisson frite, et même du fugu, le célèbre poisson japonais qui tue s'il n'est pas bien préparé.
Seul problème, je ne peux pas vous dire le nom du restaurant. Mais je peux expliquer à ceux que cela intéresse comment s'y rendre.
J'ai découvert des gros haricots marinés dans du soja, et on m'en a offert, ainsi que l'alcool de haricots noirs dont j'ai bien l'intention de rapporter une bouteille à Paris.
Bref, superbe dîner qui termine ce mois et demi passé à Shikoku. Demain, je change d'île et je vais à Osaka.

Avant ces réjouissances gastronomiques, j'ai bénéficié d'une heure de massage japonais. Douloureux mais très relaxant. Parfait après une longue marche. J'ai découvert avec surprise que l'endroit le plus douloureux de mon organisme était le genou gauche !!!

Des baisers rassasiés

A.

PS : depuis hier dans un hôtel de la chaîne Toyoko-inn. Il y en a partout au Japon. Pas cher, avec des prix spéciaux pour les pèlerins, c'est une valeur sûre.

jeudi 5 novembre 2015

Vélib, tourisme et shopping à Takamatsu

Bon, mon canular est tombé à plat, d'après les commentaires que je reçois, et aucun de vous n'a cru semble-t-il que j'allais refaire une grande boucle tout de suite...

Effectivement, je suis seulement allée passer la nuit au Shukubō du temple 2, car je voulais assister à la prière du matin, que j'avais évitée jusqu'alors. J'avais une bonne raison : elle est très matinale cette prière, six heures !!! Nous étions cinq, et le moine a commencé sans nous attendre, il était à l'évidence pressé. Très limitée cette prière du matin : le soutra du cœur, que je ne connais toujours pas par cœur, malgré les 180 récitations. Puis il a raconté des histoires sur Kōbō Daishi. Je n'ai pas tout compris, mais des bribes par ci, par là.

Voilà, le pèlerinage est bien fini, même s'il reste encore une surprise pour dimanche. J'ai pris le train pour Takamatsu où mon cher Harunori m'a organisé tous mes logements (et tous les autres jusqu'à mon départ).

Et j'ai loué un vélo, car le Velib existe ailleurs qu'en Europe. Pour 100 yen, vous pouvez utiliser un vélo autant de fois que vous voulez, à condition de ne pas dépasser six heures. Au-delà il faut repayer 100 yen jusqu'à 24 heures. Bref, cela ne coûte rien, mais il y a peu de stations. Je ne vous surprendrais pas en précisant que les vélos sont petits. En plus les japonais roulent avec une selle très basse, même pour eux. Bref, ce n'est pas le grand confort, mais cela avance en sollicitant d'autres muscles que d'habitude, donc c'est bien !

Avec mon vélo je suis allée au parc Ritsurin qui est un merveilleux jardin ancien au cœur de la ville, je m'y suis promenée, j'ai fait une balade en barque, j'ai déjeuné d'une salade avec des tranches de vraie baguette, bref la touriste parfaite. J'ai également acheté quelques bricoles, si vous voulez que je vous rapporte quelque chose, c'est le moment de le dire.

Des baisers touristiques
A.

mercredi 4 novembre 2015

C'est reparti pour un tour ...

J'ai laissé ce matin la mer intérieure pour traverser la montagne, quitter le Nirvâna et rejoindre l'éveil de la conscience à Ryōzenji, le premier des 88 temples. Le chemin est agréable, la vue superbe et la grimpette aisée après plus de quarante jours d'entraînement. En revanche la descente est raide, et je plains de tout cœur les pèlerins qui s'aventurent à voyager dans l'autre sens.

Il s'agit d'une petite journée de marche, la dernière, et je prends tout mon temps pour profiter de chaque instant, du soleil, des oiseaux ...

Arrivée à Ryōzenji, est-ce l'éveil brutal de la conscience ? Je me rends compte que je ne peux pas m'arrêter, pas maintenant, et je repars. Ce soir je dors au shukubō de Gokurakuji, le temple numéro 2.

Lorsque l'on fait plusieurs fois le pèlerinage, on utilise toujours le même livre (nō kyō chō) que l'on présente à chaque temple. La calligraphie n'est pas refaite mais les trois tampons sont apposés de nouveau. J'ai donc deux fois trois tampons sur les deux premières pages.

À demain

A.

PS : hier soir au minshuku Shiokaze à Hiketa. Gentil mais sale, ce qui est rare au Japon.

lundi 2 novembre 2015

Pluie et brouillard ...

... étaient au rendez-vous ce matin pour la dernière étape un peu physique de ce périple, atteindre le fameux Ōkuboji, 88ème temple de Shikoku. Le brouillard est habituel, tous les récits de pèlerins en parlent, mais la pluie l'est moins.
À cause de la pluie, et parce que je suis fatiguée, il faut bien l'avouer, j'ai choisi la voie la plus facile et la plus courte en temps, et j'ai pris la route.

Mais tout d'abord, j'ai été nommée ambassadrice. Certains font des pèlerinages après avoir été ambassadeurs, j'ai choisi l'inverse, et je suis donc "Henro Ambassador" et je dois répandre la culture Henro dans le monde entier... L'association qui promeut le pèlerinage remet un diplôme aux pèlerins à pied dans une maison sur la route vers le temple 88. Et la charmante japonaise qui s'en occupait m'a en plus remis un petit pèlerin en céramique comme o-setai.

Le temple 88 est impressionnant, surtout par la taille de son entrée et par la montagne derrière, mais en fait il n'est pas très haut et relativement facile d'accès. Les pèlerins qui le souhaitent peuvent y laisser leur bâton, bâton qui représente la présence de Kukai à leur côté. J'en ai donc laissé un, et je suis partie vaillamment, vers le temple numéro 1, Ryōzenji.

Avant, j'ai mangé d'excellents udon, car on peut manger au temple 88, ce qui est très rare.

Beaucoup de pèlerins s'arrêtent au temple 88 et ne jugent pas utile de revenir à leur point de départ. Cela pervertît un peu l'esprit du pèlerinage, sans but, mais j'avoue que j'ai eu un petit pincement au cœur devant la foule qui attendait le bus pour revenir à Takamatsu, et que je me suis sentie solitaire avec mes deux jours de marche supplémentaires.

Des baisers courageux
A.

PS : hier soir chez Nagao-ji San devant le temple 77. Excellente cuisine (c'est la même cuisine pour les deux ryokan qui sont côté à côte). Les chambres japonaises sont petites, mais j'ai eu une chambre double. Salle de bain japonaise petite. Wifi. Étape conseillée.

dimanche 1 novembre 2015

Il n'en reste qu'un ... Ou deux ?

et j'ai bien du mal à le croire ! J'ai l'impression d'avoir sauté quelques temples en route, et pourtant ...

Demain il pleut, je vais donc prendre la route et éviter la forêt glissante pour rejoindre le 88ème et avant-dernier temple de mon pèlerinage. En effet, pour bien souligner l'absence d'utilité de ces jours de marche, le pèlerinage finit là où il a commencé, donc au temple 1 pour moi.

Ceci dit, il flotte comme un air de fête, ce soir au minshuku les pèlerins japonais ont commandé du saké !

Hier j'ai mangé pour la première fois depuis mon arrivée des sushis, dans un bar à sushis, rendez-vous des familles le samedi à midi. Depuis Tokyo il y a dix ans maintenant, un vent de modernité a soufflé sur le concept. Certes il y a toujours un tapis roulant mais on ne voit plus les cuisiniers. On peut toujours commander le sushi dont on rêve, mais pas d'inquiétude si on a oublié comment dire "coquille Saint-Jacques" : on dispose d'un écran avec le menu, il suffit d'appuyer sur le bon bouton et votre commande vous arrive sur un tapis-roulant. Prière de renvoyer le tapis-roulant sinon vous vous faites fermement rappeler à l'ordre. Et on paie toujours à l'assiette mais inutile de rapporter les assiettes à la caisse en partant, vous avez devant vous un avale assiette chargé de calculer l'addition. Et c'est toujours aussi bon marché : j'ai trop mangé pour à peine 1000 ¥ dessert compris. Toutes les photos sont sur Instagram (anneshikoku).

A.

PS : Avant-hier au ryokan Ebisu-ya, juste en face du temple 80. Patronne très gentille qui offre la lessive comme o-setai. Bon dîner mais petit dejeuner léger. Lit japonais, salle de bain minuscule, pas de wifi.

PPS : hier soir Royal hôtel Yashima, qui n'a de royal que le nom. Un des plus moches business hôtels que j'ai fréquenté. Seul avantage, il permet de monter au temple 84 sans sac à dos. Wifi. Petit dejeuner seulement. 

vendredi 30 octobre 2015

Les mille marches

Aujourd'hui, sur les conseils de Francis, j'ai légèrement changé l'ordre des temples : 79, 81, 82 puis 80. Le chemin figure sur la carte, et est fléché. La manœuvre fait économiser cinq km ! Il n'y a pas de petits profits, n'est-ce pas ?
Les temples 81-Shiromineji- et 82-Negoroji- occupent la base d'un triangle dont le temple 80-Kokubunji-, plus au sud, est le sommet. Le temple 79-Tennōji- est à mi distance de 80 et 81, alors que le temple 83 est à la hauteur du temple 80. Les routes sont bien sûr différentes, à ceci près que la fin du chemin de 82 à 80 est le sens inverse du début du chemin de 80 à 81. Si ce n'est pas clair, prenez un crayon, et faites un schéma, vous comprendrez.
Pour compléter, les temples 81 et 82 sont à 400 m d'altitude, sur le plateau au joli nom "des cinq couleurs" (Goshikidai), les autres au niveau de la mer.
Ce que Francis avait oublié de me préciser, c'est qu'il y a plus de sept cents marches à grimper (je les ai comptées) quand on arrive au temple 81 en venant du temple 79, ce qui joint aux autres marches de la journée, représente plus de mille marches. Je ne vous parle là que des marches en montée, je ne compte pas celles en descente.
Et bien, malgré mon entraînement, mes cuisses s'en ressentent ce soir de ces mille marches en plus des vingt km habituels !!!
Ceci dit, Francis a raison, pour l'avoir faite en sens inverse, la montée du temple 80 au temple 81 à l'air pire. Merci Francis !

A.

PS : hier soir au ryokan Kawakume, avant le temple 79, Tennōji. Un peu difficile à trouver, dans une petite rue à droite au milieu de la galerie marchande. Tout classique, bonne cuisine, pas de wifi. Très grande baignoire en inox, je tiens sans problème allongée dedans, on a l'impression de se trouver dans un évier. Salle à manger avec des chaises ! Curieusement la cuisine japonaise est meilleure quand on est bien assis. Hôtes affables, parlant un peu anglais.

jeudi 29 octobre 2015

Même au Nirvâna les journées peuvent être moroses

Je suis fatiguée et j'ai mal au dos, mais je ne suis pas là pour faire part de mes états d'âme. Ceci dit si quelqu'un sait pourquoi j'ai des bleus sous mes ampoules je suis preneuse, car ce sont eux qui sont douloureux...

Dans cette journée morose, trois rayons de soleil : un vieux monsieur qui me voit passer de son balcon juste avant le temple 77, Dōryūji, m'interpelle et me demande de m'arrêter pour m'apporter un petit henro de terre cuite qui contient un message écrit en kanji à propos du temple. Mélanie, il faudra que tu me le traduises.

Et au déjeuner une japonaise de plus de soixante dix ans, qui s'adresse à moi en anglais. Nous discutons un moment de tout et de rien. Elle habite Marugame, la ville que je viens de traverser, et veut absolument m'emmener visiter le château et essayer des kimonos. Elle est charmante, m'avoue que bien qu'habitant Shikoku elle n'a visité qu'une dizaine de temples, et nous passons un moment très agréable. Elle est allée à Paris il y a bien longtemps, et ne se souvient que de la place de la Concorde où l'on a guillotiné Marie-Antoinette... Comme par hasard je vais beaucoup mieux et suis pleine de courage après le déjeuner.

Au temple 78, Gōshōji, je me mêle à un groupe de pèlerins japonais. Ce sont des pèlerins qui voyagent en car, une bonne vingtaine cette fois-ci. Ils sont sous la conduite d'un guide spirituel, rarement un moine, souvent une femme, qui dirige les récitations en ajoutant parfois des commentaires sur le temple. Ainsi il faut une dizaine de jours pour faire le pèlerinage. Le guide de cet après-midi est pressé et n'attend pas que sa troupe ait fini d'allumer bougies et encens pour commencer le sûtra du cœur. C'est rigolo et très bon enfant. J'aime de plus en plus me mêler à ces groupes et participer ainsi de façon plus collective. De plus la récitation est rythmée par un gong, et je ne sais pas respecter le rythme toute seule. Les japonaises qui m'entourent sont toutes contentes d'entendre que je récite la même chose qu'elles et m'entraînent à la suite de leur guide dans une grotte tapissée de petites statues argentées. Nous avons tous caressé une plus grande statue puis nous sommes frotté les parties du corps douloureuses. La douleur va disparaître. Pour finir une des pèlerines m'a donné son osamé-fuda doré (50 à 99 pèlerinages). Il m'en manque encore un rouge et un vert pour que la collection soit complète.

Et oui, vous avez bien lu, le temple 78. Plus que dix temples ...

Dans les curiosités du jour, j'ai compris pourquoi les auto-écoles étaient signalées sur la carte. Celle de ce matin occupait un immeuble de trois étages, ce que j'ai trouvé curieux jusqu'à voir l'arrière de l'immeuble : une dizaine de voitures toutes blanches stationnaient sur un parcours d'entraînement miniature : feux, passages cloutés, stops, passages à niveau, giratoire, rien ne manquait pour apprendre à conduire sans aller sur la vraie route. J'ai posté des photos, mais je ne suis pas sûre que cela rende vraiment.

Des baisers

A.

PS : j'ai passé la nuit dernière dans une maison japonaise moderne qui vaut le détour ne serait-ce que pour l'architecture, Kaze-no-kuguru. Pas de dîner, mais je suis allée à vélo faire des courses au supermarché. Petit-déjeuner, wifi, douche japonaise avec baignoire minuscule. L'hôte est très gentil.

La petite famille des henro

Hier était une journée de retrouvailles.

Le temple 71 d'abord, Iadaniji. C'est un très joli temple dans la forêt, à l'accès assez trompeur : il est annoncé à 197 m d'altitude, une broutille n'est-ce pas ? Mais ce que le guide ne précise pas, c'est qu'il y a entre quatre cents et cinq cents marches pour atteindre le temple principal. Avant toute cette montée, il y a une petite boutique sous un auvent, où l'on donne des graines aux oiseaux qui viennent vous manger dans la main. Ils sont très mignons, et s'appellent des yamagara (山がら). J'ai mis une photo sur Instagram. En redescendant les quatre cents marches, j'entends qu'on m'appelle. C'est un henro coréen rencontré au temple 38 qui m'a rattrapée. Il était ravi de voir que mon dos allait mieux, et que je marchais de nouveau, et j'étais touchée qu'il s'en souvienne. Nous avons dejeuner ensemble, autour de udon bien sûr, puis nous sommes quittés car il est pressé de finir et met les bouchées doubles sur les derniers km. Pour ma part c'est plutôt l'inverse, je savoure, je procrastine, je pourrais même envisager de faire des détours !

Au temple 73, je m'installe pour méditer quand j'entends qu'on m'appelle. Diable, je suis connue ici ! C'était un henro japonais, inconnu, mais qui avait dîné et passé la nuit avec un de mes derniers copains dont il m'a montré la photo. Je suis connue vous dis-je...

Enfin, le soir, j'arrive à mon hébergement, et qui m'ouvre la porte ? Une charmante japonaise avec qui j'ai partagé le gîte et le couvert il y a deux jours. C'est une pèlerine en voiture (kuruma henro) partie il y a quinze jours du temple 55, et qui musarde encore plus que moi.

Le monde est petit, non ? Quand vous saurez que je retrouve Mila le 8 novembre au mont Koya (mais je vous en reparlerai), il ne manque que de retrouver Shohéri-San au temple 88 !!!

Comme vous le savez maintenant, le patron de ce pèlerinage est Kukai, alias Kōbō Daishi. Il est né à Zentsūji qui abrite le temple du même nom, le temple 75, qui clôturait cette journée de retrouvailles. Ce temple, situé en pleine ville est magnifique et le soir venu on y respire la sérénité ce qui m'a fait regretter de ne pas y coucher alors que c'est possible. Une autre fois peut-être ?

A.

PS : avant-hier hébergement au ryokan Ichifuji. Passez votre chemin...

mardi 27 octobre 2015

Petit retour sur les o-setai

Je souhaite vous reparler aujourd'hui des o-setai car je suis frappée de leur abondance et de la participation de toute la population à cette pratique.

Je reçois en moyenne deux o-setai par jour. Ce sont des cadeaux de faible valeur, le plus souvent alimentaires.

Mais pas toujours. Je vous poste aujourd'hui la photo des o-setai textiles que j'ai reçus récemment : la serviette de onsen dont je vous ai déjà parlé, doublée, luxueuse, mais un peu lourde à mon goût, ainsi que deux petites serviettes. L'une provient de la copine du musicien qui confond la France et l'Allemagne ; l'autre je l'ai reçue d'un commerçant le matin de bonne heure alors que je sortais d'un temple, et comme je lui ai donné un osamé-fuda pour le remercier, il est allé me chercher une glace !

Il y a quelques jours, un monsieur est descendu de sa voiture pour me donner 300 ¥ !!!

Le plus souvent toutefois ce sont des cadeaux alimentaires. Ce matin mon hôte d'hier soir m'a ainsi donné deux onigiri et des bonbons. Et, encore une fois, j'ai rencontré un vieux monsieur de 80 ans qui guettait les pèlerins pour leur offrir du café.

Ces cadeaux alimentaires ne tombent pas toujours très bien, mais il est interdit de les refuser, et l'on ne peut s'en débarrasser qu'en les donnant à un autre pèlerin. C'est ainsi que ma copine Mila me donnait toutes les cannettes de café qu'elle recevait.

Et aujourd'hui, alors que je rêvais de ramen avec deux ou trois tranches de porc bien croustillantes, j'ai dû me contenter des onigiri ... Pour me consoler, je me suis offert une glace au thé macha  comme dessert, mais j'aurai pu avoir et des ramen et une glace...

Demain peut-être ?

Des baisers
A.

PS : hier hébergement formidable au Minshuku Azaora. Je recommande fortement. Cuisine délicieuse, les hôtes parlent anglais et sont adorables. Salle de bains japonaise. Wifi.

lundi 26 octobre 2015

Je suis au Nirvâna !

C'est officiel, j'ai dépassé le temple 66 et je suis au Nirvâna !!!
Départ ce matin très tôt (6 h 45) pour prendre un bus, car j'ai jugé que 30 km de montée et de descente c'était trop pour mon dos, et j'ai eu raison ...
Le bus nous a déposées, Yoroku-san et moi, 2,5 km avant le temple 65 et la montée a commencé. C'est une route goudronnée qui nous a conduit à ce premier temple, Sankakuji, 220 m de dénivelé en 2,5 km, cela reste raisonnable. Le brume avait disparu, moins de pollution le dimanche peut-être, et l'air était frais et limpide. C'est effectivement l'automne, et la micropolaire sort souvent du sac à dos.
Après le temple 65, les vraies difficultés. La route qui conduit au temple 66 est une des plus belles que j'ai parcourues. Elle commence par descendre (!) pendant sept km et offre un superbe panorama sur la baie de Lyo-Mishima et la mer intérieure.
La route passe ainsi devant un des 20 temples secondaires que l'on peut visiter en plus des 88 officiels. J'y ai suivi Yoroku-san, et bien m'en a pris : c'est un joli petit temple, les calligraphies, que l'on paie normalement 300 ¥ sont offertes au pèlerin à pied, et nous avons eu un café o-setai !
La route emprunte ensuite la nationale, ce qui est moins drôle, et la montée commence. C'est l'occasion de prendre le plus grand tunnel emprunté à ce jour, plus de 800 mètres ! Après l'étape du troisième jour, mes plus grandes peurs à Shikoku sont, à égalité, les vipères et les tunnels. Il est normalement possible d'éviter les tunnels. La deuxième semaine, j'ai ainsi évité un des premiers tunnels rencontrés. Il m'a fallu quarante cinq minutes de marche pour éviter un tunnel de 250 m, et j'ai rencontré une vipère sur la déviation. Depuis je prends les tunnels...
Nous avons eu relativement de la chance dans ce grand tunnel : il y avait un trottoir, et peu de camions. Yoroku-san et moi gérons les tunnels différemment à l'évidence : elle met un masque, j'utilise une lampe de poche. Chacun ses angoisses...
Après la nationale, on emprunte une petite route, et nous nous sommes arrêtées sur un mur de pierres pour déjeuner. En effet, les bancs sont rares, et il est difficile de trouver un coin pique-nique idéal. Et Yoroku-san m'a abandonnée : nous étions arrivées au Minshuku où je voulais loger initialement, et qui était soi-disant fermé aujourd'hui. A l'évidence pas pour tout le monde.
Qu'importe, je suis repartie, cette fois-ci sur un sentier dans la forêt, où ma première rencontre a été... une vipère que j'ai vue un peu tard. Je ne sais pas laquelle de nous deux a eu le plus peur !
Le sentier dans la forêt est sportif. On passe de 244 à  680 m en 2,2 km, puis de 680 à 900 m en deux km. Mais j'adore ces sentiers en forêt, et l'arrivée au temple est superbe.
Je suis partie du temple vers 3 h et demie, en passant d'abord par un chemin bordé de statues toutes différentes. Au moins deux cent statues, de la taille d'un petit homme, les unes à côté des autres. Je n'en ai photographié que quelques unes (anneshikoku sur Instagram). Mais il fallait redescendre, et arriver avant la nuit, le soleil se couchait à 17 h 19 aujourd'hui. Je le sais, j'ai surveillé, je ne suis pas rapide en descente, passer de 900 m à 300 m en 4,5 km, c'était très raide et pein de marches. Mais je suis arrivée à bon port, juste avant la nuit. C'est cela le Nirvâna !!!

Des baisers Nirvanesques
A.

dimanche 25 octobre 2015

Aujourd'hui dimanche, je suis allée à ...

.. la messe !
Je suis en effet passée devant une église, dont je n'ai deviné le rôle qu'en entendant des "amen". Je suis entrée par curiosité, mais au mauvais moment peut-être car j'ai subi un quart d'heure d'homélie en japonais !  Cela parlait surtout de manger, un peu de poisson, pour le reste je ne sais pas et j'avoue que j'ai craqué et que je ne suis pas restée. Il y avait une vingtaine de personnes, dont deux tiers de femmes, et deux jeunes d'une vingtaine d'années. Je pense que c'était en fait un temple protestant, le célébrant était en complet, il n'y avait pas de lampe allumée signalant la présence de l'Eucharistie, mais je n'en sais rien. Chose surprenante, le jeune homme à l'entrée m'a demandé de remplir un papier avec mon nom, la jeune femme assise devant moi m'a apporté une bible en anglais, les japonais avaient tous deux ou trois livres devant eux, de quoi écrire et certains prenaient des notes. En sortant j'ai été poursuivie par ma voisine qui voulait savoir (vérifier ?) si j'étais chrétienne...

Je voulais vous parler de la collecte des ordures, car c'est un petit problème certes, mais un problème quotidien pour le pèlerin. Car il n'y a pas de poubelle dans la rue. Les rues sont relativement propres, et j'ai vu à plusieurs reprises des volontaires ramasser des ordures le samedi matin. Mais de poubelles, point. Or, tous les commerçants vous distribuent moult sacs en plastique.
Les ordures ménagères sont collectées dans de grands bacs grillagés ou devant des points de collecte reconnaissables à un panneau d'affichage qui précise le montant d'une amende. La collecte est sélective : un jour les cannettes en métal, un autre les bouteilles en plastique (mais sans les bouchons), les journaux sont ficelés en piles bien propres...
Dans la rue, il n'y a que deux endroits pour se débarrasser des restes de son pique-nique ou de sa bouteille d'eau : les distributeurs automatiques de boisson, que l'on trouve presque partout, y compris dans les temples, mais pas sur les sentiers de montagne, sont accompagnés de bacs pour collecter les bouteilles en plastique et les cannettes, mais il n'y pas de poubelle pour le reste. Le sac de votre pique-nique vous accompagnera jusqu'au prochain combini, où vous trouverez, avec un peu de chance, une poubelle. Dans les combini, les papiers ne sont pas recyclés, sauf les tickets de caisse, et je n'aurais pas vu avant-hier des piles de journaux à enlever, je vous aurais écrit que le papier n'était pas recyclé au Japon.... Dernier détail, dans les combini, il y a un bac pour les bouteilles et au autre pour les bouchons.
Enfin, les rues sont propres jusqu'au moment où l'on arrive sur un dépotoir de télévisions, de climatiseurs et d'électroménager, en général planqué derrière quelques arbres.

J'ai fait le planning des jours qui restent, à la demande d'Harunori-San qui se propose gentiment de s'occuper de mes réservations dans la préfecture de Kagawa, quatrième et derniére. Je devrais arriver au temple 1, Ryōzenji, le mercredi 4 novembre ! Gambatte kudasaï !

A.

PS : depuis hier soir dans un business hôtel à Lyo-Mishima. Rien à en dire, si ce n'est qu'il n'y a pas de wifi et pas de dîner. Quand vous voulez passer deux nuits au même endroit, ce qui est mon cas, désirant me reposer avant l'escalade des temples 65 et 66 demain, vous ne pouvez aller qu'à l'hôtel, hélas...

samedi 24 octobre 2015

Deux ou trois choses sur Shikoku

J'ai passé beaucoup de temps hier à m'intéresser à la construction des maisons japonaises. Parce que j'avais oublié mon téléphone au combini, je suis passée trois fois devant une maison en construction, ce qui a provoqué cet intérêt. J'ai bien sûr retrouvé mon téléphone là où je l'avais laissé, je suis au Japon, n'est-ce pas !
La plupart des maisons individuelles sont en bois à Shikoku, même si la tôle ondulée et le plastique tentent de percer. Il y a d'ailleurs partout des panneaux signalant les réserves d'eau en cas d'incendie. Ces maisons sont montées sur pilotis, sans fondation comme nous les connaissons en Europe. Le plancher repose sur un vide sanitaire assez haut, de trente à quarante cm, qui est le plus souvent masqué par des parpaings. Les cloisons sont en bois, accrochées aux pilotis qui montent jusqu'au toit. J'imagine que c'est parfaitement adapté aux tremblements de terre, les pilotis et le bois étant assez souples pour absorber les secousses.
J'ai croisé de nombreuses maisons en construction hier, et j'ai donc mis les photos sur Instagram. Les immeubles sont également construits sur pilotis, il s'agit là de pilotis en béton plus volumineux, j'essaierai de prendre des photos la prochaine fois.

Le nord de l'île est plus industriel que le sud, et d'ailleurs l'air est plus pollué et la visibilité médiocre. Toutefois nombre d'usines sont de petite taille et donnent l'impression d'être vétustes. Peut-être un problème de mise à niveau de l'outil industriel ? Les villages sont plus animés également, il n'y a plus cette impression de désert que l'on pouvait avoir le long du Pacifique. En revanche, les magasins sont toujours aussi peu engageants, ce qui tombe plutôt bien car toute velléité de shopping alourdirait le sac à dos, n'est-ce pas ?

Les boutiques les plus fréquentes sont les salons de coiffure, comme en France donc, mais ils sont rarement pleins. Les magasins d'alimentation attireraient n'importe quel agent de la répression des fraudes, à l'exception des supermarchés, peu nombreux. Il y a beaucoup de graineteries-drogueries qui vendent tout pour le jardin et le potager, et même plus. Toutes les maisons ont sinon un jardin, au moins quelques plantes en pot, et les potagers sont aussi nombreux que les rizières. Tout cela est bien loin de  l'image d'un Japon moderne que l'on a dans les grandes villes.

Mais les voitures nombreuses, sont en parfait état, propres et à la carrosserie impeccable, ce qui traduit une certaine richesse. Il y a également beaucoup de vélos, très utilisés par les jeunes, les femmes et les vieux.

Demain je vous parlerai de la collecte des ordures.

Des baisers nippons.
A.

PS : j'ai passé deux nuits très agréables au Komachi Onsen Shikokyua avant le temple 60 (Yokomineji). Comme son nom l'indique c'est un onsen avec une partie à l'extérieur, malheureusement sans vue. C'est également un hôtel très agréable, avec lit européen et wifi. La cuisine est bonne et copieuse, ils utilisent à chaque repas des petits réchauds individuels qui n'apportent pas grand chose. Étape recommandée.

PPS : comme je suis un peu en retard pour tenir ce blog, vous avez droit à un PPS. Hier je me suis arrêtée au business hôtel Misora à Misora. Il n'y a rien d'autre dans le coin. Pas de cuisine, ni dîner ni petit déjeuner. Lit japonais. Salle de bain de business hôtel, avec wc. Wifi.

jeudi 22 octobre 2015

Le temple 60 c'est fait !

Je suis partie ce matin sous un ciel gris, impossible de deviner quel sommet il fallait gravir...
En fait, la montée au temple 60 est facile, même avec un fond de sciatique, et d'autant plus que je ne portais que le strict minimum. Cette montée fait 9,5 km. Les sept premiers km sont une route goudronnée ce qui, même avec la pente à 12% des derniers km, ne pose pas de gros problèmes.
Seuls les deux derniers km sont difficiles : l'altitude passe de 289 à 740m, et le chemin alterne des marches et des montées très raides. Le guide précise que le chemin est glissant après la pluie, je dirais même qu'il est non praticable. Mais aujourd'hui le temps est sec, et j'ai mis une heure vingt pour faire ces deux km, en même temps que les nuages disparaissaient.
En revanche, la descente vers le temple 61 est longue, difficile, comporte de nombreux passages ... en montée, et je ne pense pas que ce soit une bonne idée de faire la route dans l'autre sens. En plus j'y ai croisé un serpent, alors que je pensais que la saison des vipères était enfin terminée.
L'automne s'installe doucement. La forêt reste encore très verte, parce qu'il y a beaucoup de pins, mais les kakis sont mûrs et il devient difficile de résister à la tentation de chaparder un beau fruit orange.

Je pense déjà bien sûr à la prochaine difficulté, le temple 66, c'est dans quatre jours, et je vais m'accorder une journée de repos avant de l'aborder.

Des baisers
A.

PS : avant -hier au temple 58 que l'on m'avait chaudement recommandé ( Francis, Harunori-San ?). J'ai été plutôt déçue. La cuisine est joliment présentée mais un peu fade. C'est malheureusement l'usine à pèlerins. Salle de bains japonaise au sous-sol, assez grande et bien chaude, jolie vue sur la baie du deuxième étage. Pas de wifi.

mardi 20 octobre 2015

Aux deux extrêmes

J'ai rencontré la doyenne des pèlerines à pied : 84 ans ! Elle m'a donné un sachet de cacahuètes et nous avons échangé nos osamé-fuda. Le sien est argent, ce qui veut dire qu'elle a déjà fait le pèlerinage entre 25 et 49 fois. La marche conserve !!! Nous étions ensemble dans le même ryokan hier, mais je ne l'ai plus vue de la journée. Chi va piano ....
J'ai marché avec la benjamine : 12 ans et sa sœur de 16 ans. Elles habitent Tokushima, la ville qui est au début du pèlerinage, et  font toutes les deux le pèlerinage à pied par étapes pendant que leur mère le fait en voiture. Mon japonais ne m'a pas permis de comprendre pourquoi elles n'étaient pas à l'école hier... Nous avons également échangé nos osamé-fuda tous blancs, et elles ont partagé leur goûter avec moi.
Il y a quelques jours, un pèlerin m'a donné son osamé-fuda, en brocart, ce qui veut dire qu'il a fait le pèlerinage plus de cent fois ! Il n'était à l'évidence pas à pied, au moins cette fois-ci.

L'osamé-fuda est donc une petite feuille de papier, sur laquelle le pèlerin inscrit son nom, son âge, son adresse et la date. Sa couleur varie selon le nombre de fois où l'on a accompli le pèlerinage. Il est déposé dans une boîte spéciale devant les deux bâtiments, le principal et celui consacré à Kobo Daishi, dans chaque temple. Le pèlerin le donne également à toute personne qui lui fait un o-setai. J'ai donc eu la chance hier d'en donner un à un charmant monsieur qui, par amour de la musique classique allemande, et parce qu'il a un peu confondu la France et l'Allemagne, m'a invité à prendre le café chez lui. Et à une japonaise qui apportait des o-setai à mes deux benjamines, et qui, pour que je ne sois pas en reste, m'a donné la serviette qu'elle portait autour du cou. J'ai ainsi hérité d'une très jolie serviette de onsen Ralph Lauren, qui remplace avantageusement celle que j'ai perdue!

Des baisers
A.

PS : hier étape au ryokan Tsuyoshi, qui n'est pas un business hôtel contrairement à ce qui est marqué sur le guide. Accueil formidable, très chaleureux, des trois femmes qui le gèrent, dont l'une parle anglais. Lit européen, toilettes attenantes et lavabo dans la chambre. Salle de bains japonaise. Cuisine très honnête. Je recommande fortement.

lundi 19 octobre 2015

Un mois déjà, un mois seulement ...

Voici un mois je m'envolais pour Osaka. Une éternité depuis ma nouvelle planète !

Je suis rendue au point où les rapports à la marche sont devenus différents : rien ne paraît loin, et je suis même surprise de voir à quelle vitesse les paysages changent autour de moi. Une fois échauffée, et pour peu que mon dos me laisse tranquille, je suis dans une autre dimension, la marche est automatique, et les petites clochettes sur mes bâtons sont bien utiles pour me ramener ici et maintenant, comme c'est leur rôle d'ailleurs.

Pour ce qui est du dos, tant qu'il n'y a pas de contrôle anti-dopage sur le chemin, tout va bien. Et que ceux qui s'inquiètent du poids des médicaments dans mon sac se rassurent. J'en ai laissé une partie à Harunori-San avec mes chaussures trop lourdes : je n'ai que trois semaines d'anti-inflammatoires avec moi, mais presque tous les antalgiques prescrits et délivrés ...toxico un jour, toxico toujours !

Alice trouve qu'il n'y a pas assez de photos de nourriture sur Instagram (anneshikoku). Elle a raison et je vais faire un effort.
Ce matin, petit dejeuner japonais typique, mais j'avais laissé l'iPhone dans ma chambre. Au menu : du riz que l'on mange avec des algues en feuille au petit dejeuner, du maquereau séché, une salade de légumes et d'algues, des algues confites et une prune au sel, un œuf mollet dans une petite sauce, que l'on bat et que l'on mange avec le riz, une soupe miso riche en carottes et en algues, et du thé vert. C'est en gros toujours le même petit dejeuner, excellent en soi, sauf quand l'œuf mollet est remplacé par un œuf cru, ou qu'il y a des haricots fermentés, mais on s'en lasse assez vite, et je suis bien contente de pouvoir de temps à autre manger du pain brioché et de la confiture.

Au déjeuner j'avais l'appareil photo, mais j'ai mangé un steak haché, des frites et du gâteau au chocolat...

Des baisers.
A.

PS : hier soir ryokan Ota-ya à Iyo-Hōjō. Il y a eu une erreur dans la réservation, donc je n'y ai pas dîné. Excellent petit dejeuner (cf. supra). Personnel adorable. Lit européen (mon dos apprécie). Salle de bain dans la chambre. Lessive gratuite, séchage 100 ¥. Wifi.

dimanche 18 octobre 2015

La mer intérieure

La mer intérieure (せとないかい seto naikai) est ma nouvelle compagne pour quelques jours, avec, au loin, Hiroshima, et une multitude de petites îles qui participent à la sérénité du lieu. 

Comme toujours mon parcours d'aujourd'hui a été récompensé de cadeaux inattendus. 
Le dimanche, il y a plus d'animation dans les temples et sur le chemin et le dévouement des japonais est surprenant. Il y a quinze jours c'était un vieux monsieur de 84 ans assis devant une table de camping et deux chaises qui attendait les pèlerins pour leur offrir du thé glacé. Aujourd'hui, au temple 53, c'était une cohorte de jeunes filles en kimono qui offraient des petits gâteaux et du thé macha. 

Mon second cadeau du jour est un concert en plein air. Je suis arrivée très en avance à destination, mon hôtel n'ouvre qu'à cinq heures, et je me suis installée au soleil, devant la mer, en face d'une petite île (Hōjō Kashima) où a lieu un concert. L'île est à moins de 500 m et l'acoustique est parfaite. Le ressac ne couvre pas la musique, et la température est idéale ... 25 degrés !!! Vais-je rentrer ?

A défaut de rentrer, j'avance, à petits pas certes, mais j'avance. J'ai prévu de ne pas faire plus de 20 km par jour, en tout cas pas avant d'avoir franchi l'étape la plus difficile, celle du temple 60, que je devrais atteindre dans trois jours. En effet si c'est l'étape du troisième jour, pour atteindre le temple 12, qui est la plus crainte des pèlerins (avec trois sommets à 600, 700 et 750 m), ce n'est en fait ni la plus haute (le temple 66 est à 950 m) ni la plus difficile semble-t-il. Nous verrons bien ...

Enfin, pour ceux qui me suivent, la signalisation fait défaut après le temple 53, en tout cas si l'on prend à gauche en sortant du temple. On peut également prendre à droite, c'est peut-être mieux indiqué. Au moment où les deux itinéraires se rejoignent il y a un excellent restaurant d'udon. 

A.

PS : autre stratégie au restaurant : je commande la même chose que mon voisin. Ce soir j'ai ainsi mangé : deux pommes de terre et du navet cuits dans du bouillon, du poulet frit et des palourdes cuites. Cela m'aurait tout à fait suffit, mais j'ai encore eu une cuisse de volaille servie avec une paire de ciseaux ... Et moins de bière que mon voisin qui en a bu deux litres ...

samedi 17 octobre 2015

Dernier jour à Matsuyama

Demain, dès l'aube, quoi qu'il arrive, je partirai de Matsuyama. Nous verrons bien...

Aujourd'hui, je suis allée du temple 46 au temple 51, une quinzaine de kilomètres sans sac à dos, parfait pour une remise en jambes.

Une fois encore, mon trajet, surtout dans la banlieue de Matsuyama, longe des petits champs de riz. A Shikoku le climat permet de faire deux récoltes de riz par an, ce qui donne l'impression d'une culture en continu. Certains champs abritent  de jeunes pousses toutes vertes, d'autres sont en cours de moisson. Ces champs sont petits, familiaux, le potager en somme, et les machines sont adaptées à cette petite taille : les moissonneuses sont grandes comme des motoculteurs, et sont rangées dans la cour des maisons, sous une bâche...
De temps à autre, un champ de riz est remplacé par un champ de panneaux solaires, mais ils sont plus rares ici que plus au sud.

Dans les temples aujourd'hui, je remarque une boîte aux lettres spéciale : "haïku post". La boîte déborde de courrier, pas d'heure de levée dessus. Au dîner, j'interroge mon cher Harunori. La région est célèbre pour ses poètes, et ce pourraient être des haïku postés afin que les meilleurs soient sélectionnés et publiés. Au passage j'apprends que la forme des haiku est fixe : 5, puis 7, puis de nouveau 5 syllabes.

Dernière surprise de la journée : si nous avons inventé les sièges anti-clodo dans le métro, les japonais ont inventé les fils électriques anti-hirondelles. J'ai mis un moment à comprendre pourquoi les fils électriques se transformaient subitement en barbelés : il y avait des voitures stationnées dessous !!!

Je suis repassée au onsen Dogo ce soir. Malgré tout le mal que j'en ai dit hier, j'adore cette ambiance très particulière : toutes ces femmes nues, de tous âges, qui se lavent ensemble, avec en fait beaucoup de pudeur et de retenue, cette profusion d'eau, de vapeur, apportent détente et beaucoup de chaleur humaine. Un très bon point pour cette culture. Vive les onsen !!!

A.

PS : ce soir dîner avec Harunori de passage à Matsuyama pour un symposium sur le pèlerinage. Rien ne vaut un dîner avec un japonais pour découvrir et apprécier la cuisine japonaise. Et un nouveau mot à mon vocabulaire : uni l'oursin. Miam !!!

vendredi 16 octobre 2015

Matsuyama

Je suis enfin sortie de ma chambre après trois jours de repos, et suis retournée en arrière aux temples 44 et 45. Deux charmants japonais m'accompagnaient et m'ont ainsi évité de me tromper, alors que les horaires de bus étaient très justes : pour repartir du temple 45, il n'y a qu'un bus par jour, à 13 h 05 !!!
Cela m'a fait un bien fou de retrouver les montagnes, les pentes abruptes et les escaliers.
Les alentours du temple 45 présentent des particularités géologiques étranges : l'érosion fait apparaître un énorme piton rocheux de plus de 4000 ans, et surtout les reliefs présentent des trous inexpliqués, comme au-dessus du temple 45. Si quelqu'un peut m'expliquer, je suis preneuse...
Puis, pour me détendre, je suis allée au onsen Dogo, le plus vieux onsen du Japon, 3000 ans. Quelle déception ! Certes il y a de très jolies mosaïques, mais le bassin est petit, sans remous, entièrement à l'intérieur. Et surtout, le service laisse à désirer : il faut payer un supplément pour avoir une serviette et un petit bout de savonnette, ni shampoing ni après-shampoing, pas de crème pour le corps... Bref j'ai connu mieux. Le seul truc rigolo : c'est plein de touristes japonais qui viennent de leur hôtel en peignoir, tenant à la main un petit panier d'osier avec serviette, savon, shampoing...
A.

PS : ce soir encore un restaurant au hasard. Au menu sashimi et soba. Aucun risque donc. J'ai goûté un truc dément : anagosushi. Si quelqu'un peut me dire ce que c'est ?

jeudi 15 octobre 2015

Au restaurant

Mon absence totale de maîtrise du japonais, notamment écrit, donne lieu à des gags savoureux. Un des endroits les plus compliqués à gérer est le restaurant. 

Dans les ryokan ou les minshuku sur le chemin, pas de problème : le menu est unique, tout est sur la table, et j'arrive facilement à faire comprendre qu'au petit déjeuner je préfère mon œuf cuit. 

À midi aussi c'est sans problème : je déjeune le plus souvent de plats tout préparés, d'onigiri ou de sandwiches achetés dans les combini, ou je déguste des ramen ou des udons, faciles à repérer sur un menu et à commander. 

Mais lorsque je couche dans des hôtels comme maintenant tout devient compliqué : pas de menu en anglais, peu de menu avec des photos, aucun nom connu sur la carte. Alors j'improvise...

Il y a deux soirs, la serveuse me conseille de prendre des "ebifuraï" (エビフライd'après la reconnaissance vocale de l'iPhone). Bon choix, ce sont des beignets de grosses crevettes, excellents.

Hier, je suis entrée dans un restaurant de friture. Il y avait des photos sur le menu, mais guère explicites. On m'a finalement donné, contre monnaie sonnante et trébuchante, trois boulettes et deux ailerons de poulet dans des sacs en papier. Pas d'assiette, pas de boisson , j'ai filé au combini en face compléter mon dîner avec une salade, un yaourt et une bière. 

Ce soir dîner de brochettes. Là encore je suis dépassée par le menu. Fort heureusement le garçon me trouve un assortiment et je n'ai qu'à choisir entre cinq et huit brochettes. Ouf, encore un dîner sauvé.

Des baisers.
A.

mardi 13 octobre 2015

La médecine universitaire japonaise

Je me suis rendue ce matin à l'hôpital universitaire de la préfecture d'Ehime, à Matsuyama donc. Grâce à Harunori-San et à son incroyable réseau, j'étais attendue, et tout le monde était aux petits soins pour moi...
Hôpital très moderne, très propre, et très ... japonais. Beaucoup de personnel à l'accueil, système entièrement informatisé. Après avoir rempli Un questionnaire d'état civil, on m'a remis une carte magnétique, puis une autre car une erreur s'était glissée dans la première. J'ai ainsi pu découvrir que j'étais née la 32ème année du règne du précédent empereur (2015 est la 27ème année du règne de l'actuel empereur). Je suis donc devenue une des patientes officielles de l'hôpital de Matsuyama !
Puis on m'a dirigée vers les consultations de médecine générale. Deux jeunes femmes sont venues prendre ma tension et ma température, et l'on m'a remis une tablette. Pas pour jouer, mais pour remplir un questionnaire médical très bien fait en anglais sur mes antécédents, mes symptômes ... Je me demande comment sont accueillis les patients japonais dans les hôpitaux parisiens ? En s'excusant, les jeunes femmes, dont une parlait bien anglais, m'ont dit que j'allais devoir attendre une heure.
En fait j'ai vite été reçue par un jeune médecin. Examen médical rapide, mais bon j'étais arrivée avec le diagnostic. A l'évidence c'est compliqué d'examiner les malades dévêtus : j'ai enlevé mon pantalon, et quelqu'un s'est précipité pour me recouvrir d'une couverture ; j'ai soulevé mon tee-shirt, mais il n'était clairement pas question de l'enlever. Traitement spécial étranger ?
Le médecin m'a prescrit les médicaments dont j'avais besoin, pour ... trois mois. Je n'aurais pas dû le laisser faire, car j'en ai bien sûr trop, et cela m'a coûté une fortune. Et il a changé mon bon vieux kétoprofène pas cher et efficace, pour un anti-inflammatoire plus "moderne". Ici aussi, la visite médicale fait des ravages !!!
J'ai payé (pas loin de 400 euros), fait la queue pour récupérer mes médicaments à la pharmacie de l'hôpital, juste la grande quantité prescrite, pas de boîte, et suis rentrée me coucher à mon hôtel...
En effet, il semble que quelques jours de repos complets vont également être nécessaires. L'onsen Dogo, plus vieil onsen du Japon, et les temples attendront. Je vais être très raisonnable et rester deux ou trois jours couchée en attendant que tout rentre dans l'ordre.
Des baisers patients

A.

PS : je suis à l'hôtel Katsuyama à Matsuyama. Business hôtel typique, mais avec restaurant avec un buffet le soir, de 18 à 22 heures. Hier soir à 19 h, il n'y avait plus rien à manger, je me suis rabattue sur le combini voisin. Hôtel très bon marché : 5400 yens petit dejeuner compris, avec wifi dans la chambre. Essentiel si je dois rester enfermée trois jours, non ?

dimanche 11 octobre 2015

La fin de l'ascèse

Ce matin j'ai quitté la préfecture de Kochi. C'est donc la fin de l'ascèse et le début de l'illumination, ce qui me convient bien.
Après trois semaines, j'en suis donc ce soir à 43 temples, presque la moitié, et 640 km, dont 380 environ à pied, ce qui n'est pas si mal. Je fonce maintenant vers Matsuyama où, grâce à ce cher Harunori-San, j'ai bon espoir de voir un médecin mardi. Je pense que je profiterai également des quelques jours que je vais passer à Matsuyama pour acheter des chaussures plus légères, mieux adaptées à la marche sur route.
Le début de la route 56, qui conduit donc à Matsuyama, est superbe. La route s'éloigne un temps de la mer, et s'enfonce dans la montagne. Les champs de riz sont concurrencés par des champs de panneaux solaires, ce qui est bien sûr moins joli, mais assez adapté à ce terrain très accidenté. On voit peu de panneaux solaires sur les maisons, et quand ils existent, leur surface est très limitée, un ou deux mètres carrés, ce qui doit suffire aux besoins en eau chaude. Au bord de la mer, le climat est doux, il fait encore 25 degrés dans la journée, et j'imagine que l'on chauffe encore moins qu'au Maroc, à la même latitude.
Par ailleurs, si j'ai vu un reportage à la télévision sur un projet d'enfouissement de déchets nucléaires, je n'ai vu qu'à un seul endroit des affiches parlant du nucléaire.
Mais il y a des champs de panneaux solaires, et souvent à proximité, des stations de charge de voitures électriques.

Cet après-midi j'ai pris un train pour aller au temple 41. A la gare, tous les japonais photographiaient l'unique wagon, se faisaient photographier devant... J'ai d'abord cru qu'il y avait une vedette locale, mais non, il s'agissait d'un train musée, réplique d'un train ancien. A l'intérieur, au sol, le dessin au 1/2 du train original, et sur les murs des maquettes de train. Moi aussi j'ai sorti l'appareil photo. Plus d'images sur Instagram : anneshikoku.

Des baisers illuminés

A.

PS : hier soir business hôtel Matsu-ya à Sukumo. Rien à dire de spécial. J'ai dîné au restaurant à côté de l'hôtel, les beignets de crevette (エビフライ ?) étaient excellents.

samedi 10 octobre 2015

Et la pleine conscience ?

Certains d'entre vous le savent, c'est la pratique de la pleine conscience, ou mindfulness, qui m'a conduite sur les chemins de Shikoku.

Paradoxalement, depuis mon arrivée, ma pratique méditative formelle est assez limitée. Sur la route, le souci de toujours avancer, de repartir le plus vite possible, pour arriver le plus vite possible, conduit à limiter les temps d'arrêt. Même dans les temples, où la méditation devrait prendre toute la place, c'est un peu la course. J'arrive, je mets ma chasuble blanche, je me lave les mains, gauche puis droite, la bouche, mets l'étole, sonne la cloche lorsque c'est possible pour avertir les dieux de ma présence, puis vite, le temple principal, une bougie, trois bâtons d'encens, le soutra du cœur, le temple dédié à Kukai, à nouveau une bougie, trois bâtons d'encens, le soutra du cœur, faire tamponner mon livre, je range toutes mes petites affaires et je repars...
Depuis mes problèmes de dos, j'ai enfin compris que c'était stupide, et dorénavant je m'engage à prendre mon temps,et à méditer dans chaque temple. Je ne suis pas venue jusqu'ici pour faire la course !!!

La pratique informelle occupe bien sûr une place très importante, notamment grâce à la marche. La pleine conscience est particulièrement efficace pour escalader les montagnes, ce qui est relativement fréquent : se concentrer sur son souffle, sentir chaque pas, est pour moi un vrai délice, le chemin vers le Nirvâna. En revanche, lorsque l'on a mal partout, aux pieds, au dos... la pleine conscience n'est pas follement recommandée, sauf si vous faites partie des chanceux qui arrivent à éloigner les douleurs par la méditation.

Des baisers très conscients.
A.

PS : hier soir au Minshuku Takahara, un peu trop éloigné du temple 38 à mon goût, mais l'hôtesse est venue me chercher en voiture au temple. Onsen (moyen) à deux cents mètres, avec un bassin extérieur. Table moyenne. Toilettes dans la chambre, ce qui est rare.

vendredi 9 octobre 2015

Des mœurs japonaises

J'ai appris quelques trucs en trois semaines sur les mœurs japonaises, même s'il m'en reste encore beaucoup à apprendre. La preuve : hier soir j'ai croisé mon yakuta dans le sens destiné aux morts ; quand on est vivant, et je suis encore vivante rassurez-vous, il faut recouvrir le devant droit avec le devant gauche.

Le bain d'abord. Paul s'est étonné de ce que j'appelle salle de bains japonaise dans mes commentaires. Les japonais se lavent d'abord assis sur un petit tabouret en utilisant une douchette, se rincent puis se plongent dans un bain très chaud (45 °) qui sert à toute la famille.
Dans les hôtels, même si le principe est le même, l'organisation peut varier.
Dans certains hôtels et ryokan, la salle de bains peut être privative. Dans ce cas la baignoire est une petite baignoire sabot, assez profonde pour qu'assise j'ai de l'eau jusqu'aux épaules.
Le plus souvent à Shikoku la salle de bains est collective, mais non mixte, il y a donc deux salles de bains, et il faut bien sûr reconnaître la bonne ! Dans ce cas, il y a plusieurs postes pour se laver, et une grande baignoire, peu profonde, mais suffisamment grande pour s'y allonger à plusieurs.
Les onsen, où l'eau chaude provient de sources naturelles, sont encore plus grands. Il y a des jets bouillonnants, un sauna...
Tout le monde est nu, bien sûr, et la pudeur des japonaises est limitée. Certaines femmes plus âgées se déplacent en tenant une serviette devant elles, sachant que la taille des serviettes japonaises est de 30x60 cm.

Pour aller se baigner ou après le bain, on met donc ce kimono d'intérieur, et il est tout à fait normal, tant pour les hommes que pour les femmes, de se déplacer dans l'hôtel et de prendre ses repas ainsi vêtu.

Autres mœurs  : le lit. Le lit japonais est constitué d'un futon, très mince, à même le sol, éventuellement recouvert d'un drap, d'un oreiller le plus souvent rempli de billes ou de grains et d'une couette. On fait son lit le soir avant de se coucher, et on replie son lit le matin avant de partir. Il n'est pas rare de devoir ouvrir les placards pour trouver futon, oreiller, drap ... ce qui me permet d'empiler deux ou trois futons. Les premières nuits sont assez difficiles, surtout lorsque l'on a l'habitude de dormir sur le côté, et au matin les hanches sont souvent douloureuses.

Des baisers nippons
A.

PS : hier soir hébergement au temple 37. Accueil un peu revêche, plus sympa ensuite. Salle de bains japonaise partagée, pression d'eau insuffisante et le bain était tiède. Le personnel est venu s'en excuser ensuite. Cuisine classique de temple, d'une quantité raisonnable.

jeudi 8 octobre 2015

Ostéopathie japonaise

Mon moral est au beau fixe, comme le temps, mon dos va légèrement mieux et j'ai pu marcher deux km pour prendre le bus puis le train ce matin, afin de retrouver Mila ce soir au temple 37.
Prendre un bus dans la campagne japonaise est une expérience intéressante. Le bus était en retard ce matin, d'environ cinq minutes, ce qui est un peu surprenant pour le Japon, non ?
Donc on monte au milieu du bus et l'on prend un ticket au distributeur. On appuie sur un bouton pour demander son arrêt, et on descend vers l'avant en payant : ticket dans une boîte, billet dans la fente du monnayeur au besoin, puis les pièces. Je n'ai pas encore tout bien repéré car avant-hier j'avais voulu partir avec toute la monnaie de mon billet de 1000 yens, et aujourd'hui j'ai mis la pièce de 500 yens là où il ne faut mettre que le ticket ! Mais je vais y arriver ...
La première difficulté est d'identifier l'arrêt du bus, mais mon japonais fonctionne assez pour poser la question, et si je ne comprends pas toujours la réponse, les japonais sont tellement gentils qu'ils m'accompagnent volontiers jusqu'à l'arrêt.
Ensuite, il faut faire confiance. Mon bus est par trois fois passé au même endroit, une fois en faisant une boucle complète (il n'était pourtant pas en avance), les deux autres fois en faisant un demi-tour. Vous voulez aller à la gare d'Ino ? Ino est fléché à gauche, le bus tourne à droite ? Pas de souci, 500 mètres et un arrêt plus loin, le bus fait demi-tour et repart dans la bonne direction.
Identifier l'arrêt est assez simple. D'abord on peut comprendre ce que dit la voix enregistrée : la gare d'Ino c'est facile (Ino éki). Et surtout on peut demander au chauffeur, cela fonctionne parfaitement bien.
Voilà, vous êtes parés pour prendre le bus au Japon.
Le train c'est encore plus facile, dès que vous savez l'heure et la destination. Il faut juste acheter son ticket au distributeur automatique. À côté du distributeur, le tarif selon la destination. Fort heureusement en hiragana à la gare d'Ino, donc pas de problème pour identifier Kubokawa, ma prochaine destination.  Décidément c'était une bonne idée de prendre quelques cours de japonais.
Dans le train une charmante japonaise est venue me faire la causette : d'où je venais, où j'allais ...
Elle m'a ensuite demandé mon ticket et est allée vérifier auprès d'un des quatre conducteurs/contrôleurs (pour un seul wagon et une dizaine de voyageurs) que j'avais payé le juste prix. Ouf, c'était le cas. 
A mon arrivée à Kubokawa j'ai fait un arrêt à la poste où j'ai réussi à me délester de 1750 g, emballage compris. Adieu le maillot de bain, personne ne se baigne dans le Pacifique, adieu le bermuda, maintenant il ne fait plus assez chaud, adieu les claquettes préférées, lourd élément de confort, la crème solaire pour le visage et mes deux petits pots de crème dont j'étais si fière en partant ! Adieu aussi la batterie de secours de l'iPhone qui n'a jamais servi, la boussole (il y en a une dans l'iPhone), le boîtier des écouteurs, les o-setai et papiers que l'on veut garder mais qui alourdissent. Je vous retrouverai dans un mois. Et je vous assure que sur le poids du sac cela fait une sacrée différence. 
Mon japonais s'est enrichi de plusieurs mots : j'ai mal au dos, sciatique gauche, et surtout seikotsu-i, ostéopathe. Car je suis finalement allée chez l'ostéopathe. Première demande : ma carte d'assurée sociale, puis : vais-je payer la séance ... Finalement j'attends un petit quart d'heure. Les patients sont allongés sur des tables de massage, cinq ou six, séparées par un petit rideau. Musique douce, conversation entre l'employée et une cliente... Finalement l'ostéopathe me demande ce que j'ai, m'installe sur une table, et me parle de massage. Il commence par m'enfiler des bottes gonflables, qui arrivent jusqu'à mi-cuisse et qui provoquent un massage par gonflement progressif de bas en haut puis dégonflement rapide. Pas désagréable.
Séance d'ostéopathie ensuite qui me permet d'identifier trois endroits très douloureux : les fesses bien sûr, mais aussi le crâne et les voûtes plantaires. Mon cas doit être désespéré puisque j'ai droit ensuite à une séance d'acupuncture avec des décharges électriques dans la fesse gauche, et pour finir un massage sur un lit d'eau. Le tout pour 3000 yens, 25 euros. Il paraît que je pourrais marcher demain...
Et au temple 37 où nous sommes maintenant, devinez qui j'ai rencontré ? Shohéri-san qui passe comme nous la nuit au temple. Il m'a manqué et je croise en effet les doigts pour pouvoir marcher avec lui demain. Je suis tellement contente de le retrouver !!!
Des baisers électriques.
A.

PS : le nom officiel de la villa Santorini, sur le guide, est Kokumin-shukusha Tosa. On choisit son menu pour le soir et le dejeuner, et entre petit-déjeuner japonais et continental. Salle de bains japonaise collective dont une à l'extérieur. Je recommande le Tataki et la tempera. Prix très raisonnables (17000 yens pour deux nuits et un dejeuner). Le patron est la crème des hommes et se coupera en quatre pour vous aider.

mardi 6 octobre 2015

Où l'auteure cesse de se prendre pour une héroïne (de manga ?)

La sciatique m' a rattrapée en haut du temple 35. Pourtant la journée avait bien commencé : douce fraîcheur du matin laissant présager que les t-shirts n'allaient bientôt plus suffire, soleil éclatant, plus de lumbago, sac à dos bien rempli et bien réglé grâce aux conseils judicieux de Marie, merci Marie, juste une petite douleur dans la fesse gauche histoire de rappeler que le chemin de la liberté n'est pas un chemin de roses.
Avant le temple 34 un jardinier m'offre une poignée de tomates cerises, succulentes.
Trois km avant le temple 35, nous arrivons, Mila et moi, au combini où nous avons projeté de laisser nos sacs à dos, le  chemin du retour passant à 50 mètres de celui de l'aller.  Je sors mon meilleur japonais, une phrase longue, tellement bien comprise que la vendeuse cherche dans tout le magasin où pourraient être les sacs que nous lui avons laissés !!! Mila finit par mimer ce que nous voulons, laisser nos sacs et partir, la vendeuse comprend, tout s'éclaire. Bref, j'ai encore des progrès à faire en japonais...
Sans sac donc, nous montons vers le temple 35, qui n'est qu'à 200 m d'altitude. Une broutille quoi, mais une broutille très pentue se terminant par une soixante de marches. Et là, au milieu des marches, sans crier gare, la sciatique se jette sur moi.
Le plus laborieux a été bien sûr de redescendre jusqu'au combini où se trouvait ma réserve d'anti-inflammatoires. Il restait douze km, une jolie colline au milieu, et j'ai choisi la sagesse, nom du taxi qui m'a conduite à notre hébergement de ce soir, juste après le temple 36.
Je pense ne pas marcher demain, le temps que les anti-inflammatoires agissent, puis explorer les transports en commun de temple en temple dans les jours qui viennent, le temps de récupérer. Cela tombe presque bien, les temples sont relativement éloignés les uns des autres, rendant la chose réalisable.
Chaque "henro", doux nom des pèlerins de Shikoku, est confronté à ses pires démons. Je pensais que mon sujet était la douleur, je crois ce soir qu'il s'agit plutôt de reconnaître et de respecter mes limites.
Gambatte kudasai !!!
A.

lundi 5 octobre 2015

cheating or not cheating, la suite

Multitude de moyens de transport aujourd'hui !
Le train tout d'abord, pour revenir au temple 29, et reprendre le chemin exactement là où nous étions montées dans un taxi il y a deux jours.
Temples 30, 31, 32, rien à signaler si ce n'est que nous rencontrons beaucoup plus de pèlerins à pied que les autres jours. La saison d'automne commencerait-elle ?
Le temple 31 est juste à côté du jardin botanique de Kochi, que nous traversons, superbe bien qu'il n'y ait plus beaucoup de fleurs. Siège de mariages traditionnels également, permettant quelques photos plus ou moins volées...
Ferry sur une partie du trajet pour aller au temple 33, mais c'est l'itinéraire normal d'après la carte. Il n'est prévu ni de nager ni de marcher sur l'eau !
Retour en bus du temple 33 à notre hôtel dans Kochi, et nous reprendrons demain le bus dans l'autre sens. 
Ce sont des comptes d'apothicaire, non ?
Je vous embrasse
A.

Tourisme à Kochi

Kochi est donc la grande ville du sud de Shikoku. Effectivement elle donne l'impression d'être démesurée. Et surtout, après avoir marché quinze jours dans la campagne japonaise, parmi les pêcheurs et les paysans, on a l'impression de revenir dans un monde développé.
Kochi est surtout célèbre par un des plus beaux marchés du Japon, qui se tient tous les dimanches, chic, c'était dimanche. Quelle différence avec nos marchés français ? A part la nature des aliments proposés, c'est surtout la présentation qui fait toute la différence : tout est conditionné, empaquetté, et l'on achète le lot. J'ai semé la zizanie en choisissant six mandarines dans trois plateaux différents ! Le vendeur m'a gentiment expliqué que 2000 yen, c'était pour un plateau entier et non pour un kilo...
Autre différence : on mange tout en faisant ses courses : des beignets de patate douce, des glaces, des brochettes, et alors un souvenir m'est revenu : le Japon urbain sent la nourriture, la bouffe plutôt, du matin au soir, et c'est plutôt désagréable...un autre souvenir m'est également revenu au même instant : autant le Japon rural est silencieux, autour le Japon urbain pépie du bruit des feux pour piétons qui, à chaque carrefour, signalent aux aveugles quel passage clouté ils peuvent emprunter.
Kochi est également célèbre par son château, construit sous l'ère Edo, mais dont une partie importante a été détruite pour faire un parc. Sa restauration a débuté après la seconde guerre mondiale, et c'est un site impressionnant à visiter, même s'il est de taille modeste.
Kochi est également célèbre par son grand homme, Ryoma, qui a participé activement à la fin du shogunat, et qui est mentionné  partout.
Bref nous avons joué à fond les touristes, et même assisté  à un spectacle de "Yosakoi" espèce de parade de pop-pop girls japonaises, activité créée à Kochi en 1954 et qui a droit maintenant à un grand festival annuel au mois d'août. J'ai trouvé que cela tenait plus de la "chinoiserie", mais le public avait l'air convaincu, plus parfois d'ailleurs que certaines danseuses qui hésitaient sur la chorégraphie et épiaient leurs voisines pour savoir quoi faire.
Kochi est enfin la région du Japon où l'on mange le plus de thon (rouge) dont notamment une variété Tataki somptueuse qui a fait le régal de mes dîners depuis trois jours.
Des baisers
A.

PS : séjour pour trois nuits au Ryoma hôtel, parfait comme business hôtel raisonnable. On y parle anglais

dimanche 4 octobre 2015

Cheating or not cheating ?

Depuis le départ, je suis montée quatre fois en voiture. Bizarre pour un pèlerin à pied, non ?
Alors, cheating or not cheating ?
La première fois, vous vous le rappelez peut-être, c'était pour aller de mon hôtel au temple 6, dans la voiture d'Harunori-san, puis du temple 6 au temple 1, dans la voiture de son copain, Asano-san, afin qu'Harunori puisse rentrer chez lui le soir. Nous avons bien marché des temples 1 à 6.  Not cheating.
La deuxième fois c'était avec Shôheri-san, pour rejoindre ce ryokan dans une ville inconnue (Anan ?), le 26 septembre. Shôheri avait passé l'après-midi à téléphoner à notre hôtesse pour lui fixer rendez-vous. En effet le ryokan n'est pas sur la route du pèlerinage, et elle devait venir nous chercher en voiture. Elle nous a finalement rejoints sur un parking à côté de Sakaguchi-ya, après le temple 21. Mais elle a chargé nos sacs à dos dans sa voiture, et nous avons encore marché deux km et demi, sans sac ô délices, pour la retrouver plus loin à Asebi. Le lendemain matin, elle nous a scrupuleusement déposés là où nous étions montés des sa voiture la veille. Not cheating donc, d'autant que les passages sans sac à dos sont nombreux et même recommandés sur le parcours : pour monter au temple 10, pour aller au temple 27... Et il y en aura d'autres !
La troisième fois c'était avant hier pour rejoindre notre hôtel pour touristes de luxe. En effet , l'hôtel est loin du chemin, sur une hauteur. Nous avions donc prévu, Mila et moi, de prendre un taxi à la gare de Nishibun le soir, et un autre le lendemain matin, pour revenir à cette même gare. Mais nous nous sommes trompées sur les distances et avons émergé de la forêt avant la gare de Nishibun. Épuisées, nous avons demandé à une station-service de nous appeler un taxi. Pour "compenser" nous sommes parties à pied de notre hôtel hier matin. Et pour ceux qui avaient un doute, nous sommes bien allées au temple 27. Il ne manque aucun temple à notre collection, et surtout aucun tampon et aucune calligraphie dans nos livres. Not cheating, non ?
La quatrième fois c'était hier samedi, pour aller du temple 29 à Kochi où nous sommes installées pour trois jours dans le même hôtel, ce qui est délicieux. En plus avec des lits européens et le wifi dans la chambre. En effet, aujourd'hui est une journée de repos, je pense me balader un peu dans Kochi histoire de faire la touriste, peut-être à vélo. Demain nous irons du temple 29 au temple 33 à pied et sans sac à dos, puis retour à Kochi pour dormir, et nous repartirons mardi matin du temple 33. J'espère que ce repos permettra à mon dos de retrouver une certaine souplesse ; malgré les étirements je ressemble à une petite vieille et je crains d'avoir un lumbago.
Vous voulez peut-être des nouvelles de nos autres comparses ? Aucune nouvelle de Shohéri-san, il doit être derrière nous, nous le verrons peut-être demain. Nous avons marché avec Niwan-san hier, qui s'était perdu, et qui espérait arriver au temple 30 hier soir. .es temples ferment à 17 heures, ce n'était pas gagné !!!
Des baisers
A.

PS : hôtel Tosa Royal. Grand luxe. Onsen avec une partie extérieure. Chambre continentale, mais il existe des chambres japonaises, lit moelleux à souhait. Cuisine de haut vol. 15000 yens avec dîner et petit dejeuner.

vendredi 2 octobre 2015

Où comment à jouer les touristes on perd ses compagnons de route

Hier après-midi, du fait du mauvais temps, nous avons tous les quatre renoncé à monter au temple 27. Il se trouve le temple 27 a une des montées réputées comme les plus difficiles mais qu'en revanche, comme on monte et on redescend par le même chemin, on peut laisser son sac à dos en bas. L'ensemble prend quand même deux bonnes heures, en plus du temps passé au temple.
De ce fait, comme il n'y a pas des hébergements tous les km le long du parcours, nous étions exposés à un dilemme : marcher peu, 20 km en tout y compris les huit pour monter au temple et en redescendre, finir vers midi et être encore très loin de Kochi, ou marcher beaucoup plus, 32 voire 35 km et finir épuisé, le dos en marmelade.
Shôheri a choisi la première solution et s'est donc arrêté dans un buissness hôtel à Aki. Niwa, le ci-pèlerin de Mila a choisi l'héroïsme des 35 km. Nous nous étions, Mila et moi, ralliées à la solution de facilité, mais arrivées à Aki à midi en ayant déjeuner, nous avons finalement choisi une autre solution, l'hôtel de luxe à 32 km. Nous avons perdu nos compagnons, mais découvert les plaisirs du onsen extérieur dans un cadre luxueux ! On ne se refait pas, et vive l'ascèse !!! De ce fait, nous devrions arriver demain à Kochi où nous prévoyons de passer trois nuits... Mais je vous en dirai plus une fois là-bas.
Des baisers luxueux.
A.

PS : étape très désagréable hier soir : minchoku  Hamayoshi-ya au patron grincheux, nourriture décevante avec assise à la japonaise, salle de bains avec de l'eau trop chaude, chambre sans fenêtre sur l'extérieur mais séparée des voisines par des cloisons mobiles très minces, le tout à un prix exhorbitant : 8000 yens ! Nous l'avions choisi du fait du nom de l'autre, Drive-in 27, mais je pense qu'il faut passer au dessus du nom finalement.

jeudi 1 octobre 2015

In the rain again

Journée commencée sous un crachin breton qui a rapidement viré à la pluie japonaise.
Nous avons relativement bien géré les chats et les chiens qui nous tombaient dessus. Nous sommes maintenant quatre : en plus de Shôheri que vous connaissez déjà, il y a Christina une anglo-australienne rencontrée au temple 23 et son co-pelerin japonais dont je n'ai pas encore mémorisé le nom. Cela fait donc maintenant quatre jours que nous cheminons de concert, mais pas toujours ensemble, et que nous faisons étape aux mêmes endroits, si ce n'est que Shôheri, pour des raisons obscures, refuse de coucher dans des temples.
Christina est une bourlingueuse qui a quitté sa Grande-Bretagne natale pour l'Australie à 24 ans, et qui vient de passer les dix dernières années à enseigner l'anglais en Chine et au Vietnam, principalement à Hanoi. Elle est maintenant à la retraite, et après quatre mois de vacances en Chine, elle s'offre un petit périple au Japon avant de rentrer (transitoirement) en Angleterre s'occuper du déménagement de sa Maman de 80 ans.
Nous avons donc bien géré la pluie disais-je : après être passés sans encombre par un chemin interdit à cause de la météo, nous nous sommes arrêtés au pire de la pluie dans un abri bus. Puis avons déjeuné, Udon et Ramen, alors qu'il pleuvait encore très fort. C'est à ce moment là que nous avons perdu Shôheri, très gêné par d'importantes ampoules. Puis nous avons déniché une pâtisserie française pour un goûter précoce. Le quatrième larron errait de son côté mais finalement aucun de nous quatre n'est monté au temple 27, jugé trop dangereux sous la pluie et dans les nuages. On verra demain !!!
Pour finir par une note japonaise, nous traversons depuis quelques jours des petits villages de pêcheurs et je suis chaque fois frappée par un silence de fin du monde. Quelle que soit l'heure, pas un bruit, peu de monde dans les rues, ni radio, nu télévision, nu conversation. C'est d'autant plus étrange qu'il y a plein de vieux, a priori chez eux, et beaucoup de femmes qui ne travaillent pas à l'extérieur. Cela et les haut-parleurs qui se déclenchent pour un oui pour non, fichent un peu la frousse. A 15 h, les hauts parleurs ont lancé un cours de gym collective, mais là il est 20 h, et je ne peux qu'espérer qu'il ne s'agisse pas d'un tsunami. Non, personne ne bouge, c'était juste pour nous souhaiter bonne nuit...
Je vous embrasse
A.

PS : dernière nuit au temple 26. Indécent ! Chambre de 12 tatamis au moins, avec deux fauteuils ayant une vue sur la vallée, dîner pantagruélique et excellent, énorme salle de bains japonaise hommes et femmes séparés, petit déjeuner également trop copieux, et l'addition la moins chère depuis le début : 6300 yens bière comprise.

mercredi 30 septembre 2015

Où l'auteur finit par s'organiser

J'ai maintenant deux bâtons, et j'ai mis un turbo dans le moteur. Comme je ne veux pas dépasser 28 km j'arrive tôt à mon gîte du soir, même après avoir visité trois temples comme aujourd'hui. Les journées sont assez stéréotypées : petit-déjeuner à 6 h 30, départ vers 7 h 15 et ... marche. Le soir bain japonais vers 17 h, dîner à 18 h et extinction des feux entre 9 et 10 heures du soir. Il faut encore caser dans ce programme les étirements matin (le dos) et soir (les jambes), les cours de japonais, le blog, quelques mails et un peu de méditation formelle. Bref je n'ai pas une minute à moi,  heureusement que je peux rêvasser en marchant !
Il faut quand même que je vous raconte l'histoire de ce pèlerinage même si Guy a mis dans un commentaire un lien vers un site bourré d'explications. Ce pèlerinage est donc sous le patronage de Kukai, encore appelé Kôbô Daishi, le moine japonais qui a introduit le bouddhisme au Japon après l'avoir étudié en Chine, au début du IXeme siècle. Tous les 88 temples ont une histoire liée à ce fameux moine, même s'il ne les a pas tous fondés et dans chaque temple il y a à la fois au moins un temple dédié à la divinité particulière du lieu et un autre à Kôbô Daishi.
On raconte que le premier pèlerin (après Kukai lui même qui a passé beaucoup de temps dans les différents temples) est un méchant riche de l'époque, Emon Saburo, qui avait fait une vacherie à Kukai lui-même et qui a du entreprendre le pèlerinage pour se faire pardonner. Je vous mets sur Instagram la photo du monument qui raconte cela.
Jusqu'au 16eme siècle, le pèlerinage est surtout l'affaire de moines, et il ne prend vraiment son es sort que sous l'ère Edo, pour deux raisons : faire le pèlerinage permet d'obtenir l'autorisation de voyager à une époque où c'était interdit, et la pratique de l'o-setai qui comprenait nourriture, hébergement et argent permet à des personnes modestes de faire ce pèlerinage.
On estime actuellement que 150 000 personnes par an font le pèlerinage.
Voilà, je vous en raconterai plus une autre fois.
Des baisers historiques.
A.

PS : hier Lodge Osaki à 17 km avant le temple 24. Charmante jeune hôtesse très serviable, nourriture excellente (assise à la japonaise) chambre minuscule mais parfaite, vue sur la mer. Grande salle de bain japonaise un peu vétuste.

mardi 29 septembre 2015

O-setai inversé

Journée sans problème aujourd'hui : température clémente (27 degrés), fraîcheur agréable le matin, soleil voilé aux heures les plus chaudes, distance plus raisonnable (seulement 28 km), je gère mieux les temps de repos et j'alterne le côté de mon unique bâton toutes les demi-heures pour épargner mon dos.
J'ai traversé un petit désert de 10 km, heureusement avec de l'eau et de quoi déjeuner. Ce passage s'appelle Gorogoro-ischi. D'un côté l'océan, sans plage, avec de gros rochers, et de l'autre la montagne, à pic. Entre les deux la route, sous le soleil ... Quand il n'y avait pas de route, les pèlerins devaient passer sur les gros rochers glissants et humides, particulièrement dangereux. Le nom de ce désert provient du son roulant (gorogoro) des rochers (ishi) sous l'effet du ressac.
Après ce désert, j'avais envie de fruits, ce qui est relativement difficile à satisfaire car les petits supermarchés locaux (combini) où nous achetons nos en-cas n'en vendent pas. Petite épicerie de village. J'entre une première fois, ne vois pas de fruit, et ressors sous les yeux étonnés de l'unique caissière. Mais plus loin, dans la vitrine, il y avait de superbes pommes. Je reviens sur mes pas et achète une pomme. Une excentricité  !!! 400 yens (3,2 €). Je ressors et m'assieds sur un banc de fortune : une planche sur deux bidons, et je pars à la pêche au couteau au fond du sac à dos (merci Alex pour ce formidable cadeau). Un vieux japonais s'approche, pour me dire que je ne suis pas bien assise là. Mais il est hors de question que je fasse un pas de plus. Je veux manger ma pomme !!! Je lui en épluche  donc une partie et nous voici devisant et mangeant cette pomme qui n'était en fait pas une pomme mais un fruit typiquement japonais dont j'ai déjà oublié le nom. Il faut dire que je ne fais guère de progrès. Certes je comprends mieux ce que l'on me dit, mais je ne mémorise pas grand chose.  La "pomme" était aussi délicieuse que mon compagnon de dessert : sucrée, juteuse, goûteuse et je suis repartie ragaillardie.
Des baisers sucrés
A.

PS : arrêt hier soir à Shishikui chez Haruru-tei. Cher, impersonnel et nourriture moyenne. Grande salle de bains japonaise. Je pense qu'il vaut mieux aller ailleurs pour profiter du onsen de Shishikui, vraisemblablement à l'hôtel Riviera Shishikui.

PPS : je vous redonne le nom de mon compte sur Instagram : anneshikoku, afin que vous puissiez voir les photos qui vont avec le texte.

lundi 28 septembre 2015

fin de l'éveil et entrée dans l'ascèse

Toujours pas d'accès internet sur l'iPad donc je continue à vous donner des nouvelles via l'iPhone et son petit écran...
Mon dos va mieux, grâce au gainage (merci Marie) et aux étirements mais les derniers km ont été horribles : 32 km par 30 degrés avec 6 kg sur le dos, c'est clairement trop pour moi. J'ai donc décidé de me limiter à 25 à 28 km, et curieusement Shôheri qui était partant pour plus demain a accepté l'arrêt que je lui proposais ! Lui non plus ne doit pas vouloir me quitter...
Nous sommes donc maintenant au bord de la mer et qui dit bord de mer au Japon dit alerte au tsunami. Tous les 200 m un panneau indique à quelle hauteur on se situe par rapport au niveau de la mer, il y a des sirènes partout et de temps à autre l'indication d'un refuge avec sa hauteur par rapport au niveau de la mer. Cela provoque d'étranges réflexions : je ne sais pas de combien de temps on dispose en cas d'alerte, je n'ai aucune idée du refuge le plus proche ni de la hauteur qu'il faut viser, faut-il courir, sans sac à dos donc, sauver au moins son passeport et ses cartes de crédit ???? Ce sont des questions surprenantes, mais l'obstacle de la langue rend tout étrange : dimanche, à 9 h 30, alors que je traversais seule un village paisible endormi, toutes les sirènes ont retenti, ce qui se produit normalement à midi, et une voix enregistrée a commencé un long discours. Comme personne ne bronchait j'en ai conclu que le message était du genre "bande de fainéants réveillez vous il est temps d'émerger de votre gueule de bois du samedi soir", mais cela avait un petit côté " prisonnier numéro 6" des plus étranges.
Journée marquée encore par les o-setai : petite cabane en bois à claire-voie avec à l'intérieur deux charmantes dames qui guettaient le chaland et m'ont accueillie avec du café, du thé glacé, des kakis et des tranches de patate douce brûlantes. Elles ont en outre rempli mon sac à dos de douceurs qui m'ont tenu lieu de déjeuner car le seul restaurant sur ma route était fermé. Après un tel accueil on se sent pousser des ailes !
Le bord de mer est ravissant, quand bien même la route passe exclusivement par la nationale. C'est dommage d'être aussi fatiguée car je trouve que l'on ne profite pas assez de la beauté des paysages. Des photos sur Instagram, je ne peux pas faire mieux pour l'instant.
Des baisers de 6 m de hauteur.
A.

PS : hier soir hébergement au temple 23. Peu de monde, pas cher, bonne table et superbe onsen. Mais les chambres immenses ont un côté "empire soviétique" qui manque un peu de chaleur. Shôheri a choisi pour sa part un ryokan, plus cher et sans onsen.

dimanche 27 septembre 2015

Premier bilan

Je voulais refaire la mise en page pour mettre plus de photos et surtout les mettre dans le texte (ce n'est pas très facile sous blogger) mais j'ai toujours un accès internet médiocre et pas de connexion entre mes deux appareils. Ce sera donc pour plus tard...
J'en suis à 7 jours de marche, 23 temples et 157 km. Cela a été fatigant, éprouvant même parfois, mais c'est la partie la plus difficile du parcours. Shikoku comporte quatre préfectures (Shi = 4) traversées tour à tour et chacune d'elle correspond à un moment particulier pour le pèlerin. La première préfecture, celle de Tokushima correspond à l'éveil de la conscience. Même si je suis encore dans cette préfecture demain et mardi, le temple 23 marque la fin de cette première phase. Ne rêvez pas trop vite pour la suite, la seconde étape est l'ascèse.
En ce qui concerne le rythme de marché, je suis pour l'instant sur le rythme (standard) de 41 jours, donc largement dans les temps. Mais mon dos commence à faire des siennes et j'envisage de faire un stop très prochainement. Évidemment Shôheri me pousse. Comme moi il fait le tour entier, et il pense que nous le ferons ensemble d'un bout à l'autre. Le pèlerinage de Shikoku est très souvent entrepris à la suite d'un deuil, c'est le cas de Shôheri qui vient de perdre sa femme. Il voyage avec sa photo dans un cadre qu'il sort à chaque temple. Je ne sais si c'est pour lui montrer le temple ou pour la montrer aux dieux, mais c'est touchant. Puis il prend une photo de l'entrée du temple. Aujourd'hui pour la première fois il m'a demandé de le prendre en photo à l'entrée, et il tenait la photo de sa femme à la main.
L'o-setai du jour était une cannette de café au lait offerte par un charmant monsieur qui nettoyait une cabane de pèlerin comme nous y sommes arrivés Shôheri et moi. Je ne m'étais pas rendu compte à quel point le café me manquait ! Les o-setai alimentaires sont les plus fréquents, en particulier tous les matins notre hôtesse nous fait un petit cadeau, généralement un ou deux onigiri ou des bonbons. Hier, une charmante vieille dame m'a offert une petite poupée qui représente un pèlerin, tellement mignonne (photo à venir, promis) et j'étais tellement contente que j'ai oublié de lui donner le petit papier traditionnel en retour. En effet dans chaque temple et pour chaque o-setai on remet un papier avec son nom, son âge, son adresse et la date. La couleur du papier dépend du nombre de fois où l'on effectue le pèlerinage, blanc de 1 à 4.
Des baisers éveillés.
A.

PS : j'ai deux critiques d'étapes de retard.
Juste avant le temple 19 Minshuku Funa-no-Sato. Hôtesse formidable de gentillesse, cuisine épatante, salle de bains japonaise. Seul bémol les chambres ne sont pas fermées jusqu'en haut, Shôheri ronfle et la lumière reste allumée toute la nuit dans l'escalier. Mais il faut vraiment s'y arrêter.
Hier après le temple 21 je ne sais pas où nous avons dormi. Adresse recommandée par Funa-no-Sato, quelque part dans Anan. Superbe ryokan, une chambre a un lit européen et une salle de bains japonaise privative. Il faut appeler la patronne au téléphone pour qu'elle vienne vous chercher à Sakaguchi-ya. Elle parle anglais. Salle à manger traditionnelle japonaise (sur coussins) mais on peut avoir un petit fauteuil.


samedi 26 septembre 2015

Petite brève du matin

Tout va très bien sauf que je ne sais pas où je suis (Anan d'après l'iPhone) et que je n'arrive plus à connecter l'iPad avec l'iPhone. Peut-être ce soir ? Bon dimanche, moi je pars vers le temple 23 et la fin de l'éveil ...
Des baisers

vendredi 25 septembre 2015

On s'installe dans la routine

Après la petite déprime d'hier, je me suis vraiment éclatée aujourd'hui dans les passages en forêt.
Pourtant la journée n'a pas très bien commencé, car Shôheri a absolument voulu revenir jusqu'au temple 16 pour vérifier que nous étions sur la bonne route : 1,6 km de plus peuvent paraître négligeables, sauf à un pèlerin fatigué !
La route était réputée facile mais nous avons eu deux passagers abrupts dans la forêt. Les pluies d'hier rendent le chemin difficile d'autant qu'il est transformé en petit ruisseau. Mais je commence à avoir l'habitude et peut même courir (un peu) dans les descentes.
Le second passage dans une magnifique forêt de bambou s'est avéré plus compliqué : après les bambous plus de chemin, des herbes hautes et un petit panneau disant de faire attention aux vipères. Sagement je suis redescendue de 500 mètres pour voir si nous avions oublié un signal. Mais non. Et mes deux compères ont bravé le danger, nous avons traversé les herbes hautes, remonté un autre lit de ruisseau, passé à quatre pattes sous des arbres renversés par l'orage, pour finalement arriver à un sentier on ne peut plus praticable sur lequel nous regardaient quelques promeneurs ironiques. Les secrets du balisage du chemin !!!
En effet, malgré de nombreuses balises, on peut se perdre aisément. Les balises en pierre, parfois très anciennes (le pèlerinage à plus de 1200 ans) sont relativement rares. Le gouvernement japonais a la charge du balisage officiel mais privilégie parfois, sans que l'on sache pourquoi, la route des voitures. Les associations rajoutent des marques, interdites, et qui sont arrachées. Tout le monde a des cartes bien sûr, mais personne ne s'en sert en marchant, elles ne sont utilisées que pour déterminer la prochaine étape.
Demain je vous en dirai plus sur l'histoire du pèlerinage.
Des baisers.
A.

jeudi 24 septembre 2015

In the pouring rain ou qui rit mercredi, jeudi pleurera

Toute la nuit j'ai entendu le bruit de l'eau. Mais comme je dormais à côté de la rivière je n'ai guère cherché plus loin.
Typhon il y a donc... Assez loin sans doute parce qu'il n'a pas plu absolument toute la journée. Juste assez pour que ce soit ... horrible.
J'ai d'abord marché seule dans la forêt, monté assez rudement mais je suis une pro maintenant n'est-ce pas, puis je me suis perdue, j'ai croisé de tout petits crabes, et deux vipères mortes, écrasées sur la route. Après la montée, la descente et j'ai finalement retrouvé ma bande de joyeux lurons.
Nous étions cinq à l'auberge hier soir, Plia la thaïlandaise qui prend aussi souvent que possible le bus ou la voiture, mes deux copains japonais Kazuyuki et Shohéri, et Marie qui est arrivée très tard.
Jusqu'au temple 13 nous avons marché sans Plia, ensemble ou séparément au gré des circonstances, mais toujours sous une pluie battante. Je n'en pouvais vraiment plus, cherchant désespérément un endroit pour déjeuner. Je guettais chaque enseigne à laquelle je ne comprenais rien bien sûr, espérant un restaurant ou au pire un supermarché où l'on puisse s'asseoir pour dejeuner, et quand je découvrais un horticulteur, une station-service... je me raccrochais à l'enseigne suivante, cinquante mètres plus loin, espérant que ce soit la bonne.
Finalement j'ai su lire うどん et nous nous sommes arrêtés, Shohéri et moi, devant un grand bol de nouilles fumantes. J'ai enlevé une cuiller à soupe d'eau de chacune de mes chaussures et la vie a repris un sens jusqu'à ce que je regarde les prévisions météo : pluie vendredi et samedi, soleil dimanche, puis la pluie recommence. Qui a dit qu'il faisait beau au Japon à l'automne ? Fichu typhon...
Après le temple 13, où nous avons laissé Marie, cela a été plus facile. Nous avons marché de concert, Kazuyki, Shohéri et moi, et les temples se sont succédé 13, 14, 15 et 16 pour finalement s'arrêter dans un ryokan où ma chambre, superbe, m'a mis du baume au cœur.
Mais il pleut toujours ...
Des baisers mouillés.
A.

PS : hier soir étape dans un minshuku Sudachi-kan. Un peu fruste mais c'est une étape obligée, au plus prêt du temple 12. Cuisine sommaire. On vous conduit au onsen public en voiture.

mercredi 23 septembre 2015

I did it !!!

 Ouf, j'ai réussi à atteindre le temple 12 et même à le dépasser de quelques km, mon pire cauchemar depuis plusieurs semaines.  Il faut dire que le morceau est de choix, montées brutales altenant avec des descentes abruptes. Heureusement, mon cher Harunori était là pour me soutenir, le temps était parfait, et le sac raisonnable. Il a néanmoins fallu six heures d'effort pour en venir à bout, mais ça y est, je suis entrée dans la communauté fermée de ceux qui l'ont fait ! A l'étape de ce soir, j'ai retrouvé deux pèlerins japonais, celui qui a voulu me conduire au temple 11 hier, et un plus jeune, et je me suis sentie adoubée. Respect !!!
Par ailleurs c'est un chemin superbe, dans un film de Kurosawa, par moments les bambous craquent sous l'effet du vent, la forêt parle et l'on s'attend à croiser un samouraï à chaque instant. Tout le long du chemin des tombes de pèlerins morts en route, des plaquettes votives en bois et, en haut de la deuxième montée (il n'y en que trois) une superbe statue de Kukai. Quel courage pour l'avoir montée si haut. Peu d'animaux en revanche : un superbe papillon noir et jaune, quelques lézards, un faisan, et des panneaux avertissant de la présence de vipères au début.
Les o-setai du jour : une serviette de onsen pour éponger ma sueur et deux mandarines, partagées avec le seul pèlerin croisé aujourd'hui.
Bref, je continue !
Je vous embrasse
A.

PS : Hier j'ai couché au ryokan Yoshino  à côté du temple 11 : cuisine excellente (c'est promis la prochaine fois je prends des photos),  salle de bains japonaise et machine à laver. Par ailleurs patronne adorable.

PPS : à la demande générale de Paul je viens de créer un compte Instagram que vous pouvez suivre : plus de photos, plus de souvenirs. Son nom : anneshikoku

mardi 22 septembre 2015

Gambatte kudasai

C'est Yuri qui m'a appris cette expression japonaise que je traduirais par "persévérez, tenez bon".
Phrase la plus entendue à la montée et la plus prononcée à la descente des quelques trois cents marches qui conduisent au temple n° 10, marches qui seront la photo du jour.
A la montée, très agréable malgré tout dans une forêt de bambous, après la chaleur écrasante du matin, j'ai reçu mon premier o-setai, cadeau fait au pèlerin pour participer à son pèlerinage. O-setai qu'il ne faut sous aucun prétexte refuser, même quand il alourdit le sac inutilement. Ce n'était pas le cas du mien, petite figurine comme les japonaises en raffolent (une coccinelle, une tortue ?), qui orne mon sac dorénavant.Deux autres choses à savoir sur les offrandes au pèlerin : on peut refuser l'o-setai pour aller en voiture au temple suivant, quand on est un pèlerin à pied, et on peut à son tour donner tout ou partie des o-setai encombrants à d'autres pèlerins. La forme japonaise du mistigri, en fait.
Cet après-midi a aussi été très chaud, notamment la longue traversée de terres agricoles. Je suis plutôt dans une zone urbaine en ce moment, et ces grands espaces agricoles sont en fait installés dans le lit d'une rivière qui doit déborder trop souvent pour être habitable.
Heureusement la distance était  courte. Je voulais me débarrasser de mon sac au ryokan où je suis installée pour la nuit avant d'aller au temple 11. J'ai donc demandé à un pèlerin japonais juste derrière moi où se trouvait le ryokan mais il m'a conduite presque de force au temple. En fait, il avait raison, il fallait passer par le temple pour arriver à l'auberge, où je l'ai finalement retrouvé au dîner.
Demain , c'est le grand jour, l'étape qui dit si l'on est "digne" ou non du chemin. Tout le monde ne parlait que de cela au dîner, et bon nombre étudient des solutions de substitution, en bus par exemple.
Gambatte kudasai !!!
A.

PS. J'ai décidé d'ajouter une critique de mes hébergements pour ceux d'entre vous qui souhaiteraient suivre mes traces.
Temple n° 6 Anrakuji : dans le temple. Chambre japonaise (j'empile deux futons pour que ce soit moins dur), onsen parfait, cuisine moyenne, cérémonie bouddhiste émouvante. Pas de possibilité de lessive.

lundi 21 septembre 2015

Les premiers pas sur le chemin ... en voiture

Aujourd'hui a bien sûr été la journée des premières fois, mais comme je soupçonne que ma vie va être assez répétitive, je vais en garder quelques unes au chaud.
Première journée sur le chemin donc, commencée en voiture jusqu'au temple n°6. En effet Harunori, le  president de l'association qui s'occupe des pèlerins m'accompagne, et nous commençons par déposer sa voiture au temple n°6 où un de ses copains nous attend avec tout l'équipement du parfait pèlerin. Je ne retiens que la chasuble, le bâton, le chapeau et me fais un peu forcer la main sur l'étole. Plus le livre pour les tampons, magnifiques, un dans chaque temple, les bougies et l'encens.
Et nous repartons au temple n°1 pour mon apprentissage de parfait henro (pèlerin en japonais).
Dans chaque temple il faut se laver les mains et la bouche, faire sonner le gong, et par deux fois allumer une bougie, un bâtonnet d'encens et réciter le sutra du cœur. Heureusement Harunori m'a pourvu d'une version phonétique.
Puis on a droit au tampon.
Six temples plus tard, je commence à m'y repérer.
Par ailleurs la distance était courte, 17 km, parfaite pour une première journée sous le soleil. Le décalage horaire se fait un peu sentir sur les derniers kilomètres mais tout va bien. Et je passe la nuit dans un temple japonais : premier onsen, premier "otsutome", service religieux qui d'après ce que j'ai compris évoque les morts. Je ne comprends pas les prières, mais je sais trouver les pages dans le livre. Mon japonais s'améliore !
Je vous embrasse.
A.

dimanche 20 septembre 2015

4,9 !!!!!

Je l'ai fait !!!
Malgré le scepticisme de certains d'entre vous, j'ai réussi la première épreuve. Mon sac à dos ne pèse que 4,9 kg. Certes il manque encore quelque matériel propre au pèlerinage, nous en reparlerons, mais l'essentiel est là : 4,9 kg.

C'est à dire : un pantalon et un bermuda, deux t-shirts à manches courtes, une micropolaire, un blouson triple couches, trois slips, deux soutiens-gorge de sport, deux paires de chaussettes, une chemise de nuit et un maillot de bain. Des claquettes.
Dans la trousse de toilette : du dentifrice, de la crème solaire et de la crème pour les pieds. A la dernière minute je me suis autorisé un petit extra (oui, je sais, Marie, je n'aurai pas dû, il ne faut rien rajouter à la dernière minute, mais la tentation était trop forte) : deux petits pots, de ma crème de jour et de mon contour des yeux préférés.
Une trousse de premier secours minimale : couverture de survie, lingettes désinfectantes, pansements pour les ampoules, du fil et une aiguille. Un coupe ongles, une pince à épiler et deux épingles nourrices. La pharmacie est plus conséquente : deux mois de traitement habituel, des antalgiques et des anti-inflammatoires, de la mélatonine et des somnifères pour avaler le décalage horaire.
L'informatique est peut-être le plus lourd : iPad mini, iPhone, batterie de secours et chargeur.
Un cahier pour les exercices de japonais et un stylo.

Le tout tient aisément dans un sac à dos de 33 l, il reste largement de la place pour le matériel de pèlerinage, de l'eau et un déjeuner.

Voilà, en route!!! Je vous embrasse.

A.